Par Serge Aimé BIKOI
Cette publication est le résultat d’une concertation de plusieurs organisations syndicales camerounaises supervisées par le comité de coordination du Cameroon workers Forum(Cawof). Travail réalisé avec l’appui de la Fondation Friedrich Ebert. L’objectif de la parution de ce livre blanc est de mettre à la disposition des travailleurs, des employeurs et de l’opinion un document de réflexion et d’action syndicales sur tous les plans. Le livre blanc est un condensé non exhaustif des principales préoccupations des travailleurs camerounais, tous secteurs confondus. Concernant d’emblée les travailleurs et, singulièrement, les relations professionnelles et le dialogue social, le Cawof propose la révision du code du travail avec des mécanismes de dialogue social décisionnaires et non plus consultatifs, la révision de toute la réglementation concernant le dialogue social et la création d’une instance nationale du dialogue social. Ce Conseil national dialogue social sera chargé de la résolution, au haut niveau, de problèmes cruciaux transversaux du monde du travail : relations avec les pouvoirs publics; respect des lois et normes comme dans plusieurs pays démocratiques au monde.
Sur la sécurité sociale, le Cawof propose l’application immédiate de la norme Cipres, l’augmentation et l’harmonisation des pensions vieillesse et autres prestations sociales pour tenir compte du coût de la vie, l’adoption d’un Smig à 150.000 Fcfa/ mois et la révision biannuelle. Autres propositions non des moindres la création du Salaire minimum de croissance indexé sur le taux de croissance annuelle (Smic), l’uniformisation des salaires et de la gestion des Ressources humaines (Statut unique) à la fonction publique.
Relativement à l’emploi des jeunes, le Cawof émet comme idées majeures : légaliser la priorité de recrutement des jeunes (18/35 ans) pour l’emploi dans les activités Himo et prendre en compte le temps des stages scolaires ou professionnels des jeunes pour déterminer l’expérience professionnelle.
Le cœur de ce livre blanc porte sur les questions politiques. Dans ce segment est présentée la stratégie électorale en vue d’un changement politique lors des scrutins de 2025 et 2026 proposée aux partis politiques et aux associations sociales du Cameroun. Sur la forme de l’État, le Cawof mise sur le fédéralisme à cinq États :
- État des Grassfields
- État de la Côte maritime
- État de la forêt
- État de la savane
- État du Sahel
Dans cette modalité du fédéralisme, des leaders syndicaux préconisent que les États fédérés soient créés sur la base socioculturelle intégrant les aires géographiques. Chaque État fédéré disposerait de ses institutions représentatives qui légifèreraient et administreraient leur état dans les conditions prévues par la constitution fédérale. Dans cette configuration, chaque État et les communes auraient leur propre fonction publique distincte de la fonction publique fédérale.
Sur l’économie, le mouvement syndical prône une redistribution équitable des fruits de la richesse nationale. De ce point de vue, indiquent les syndicalistes, “les systèmes de capitalisme et/ou de libéralisme, quels qu’ils soient, sont à l’opposé des intérêts légitimes des masses laborieuses. C’est pourquoi le mouvement syndical camerounais soutiendra tout système économique basé sur une production massive des richesses avec une redistribution équitable au profit de tous les travailleurs et populations confondus”.
Enfin sur la question de la monnaie, le Cawof postule que toutes les analyses crédibles montrent que le Cameroun ne se développera jamais tant qu’il sera sous la dépendance monétaire d’une puissance étrangère. “C’est pourquoi le mouvement syndical camerounais demande la rupture des accords monétaires liant notre pays à la France. Il y va de notre souveraineté et de notre responsabilité”, conclut le Cawof.
