Par Léopold DASSI NDJIDJOU
La dernière déflagration est venue de la visite tourmentée du ministre d’État secrétaire général à la présidence de la République (Sgpr) hier samedi 15 février 2025. Des vidéos qui tournent en boucle sur les réseaux sociaux présentent le proche collaborateur du chef de l’Etat en pleine difficulté à l’étape de Kousseri. Les responsables locaux à savoir les élus, arborant fièrement le fanion tricolore, sont particulièrement remontés et font savoir que s’ils ne sont pas reçus par le Sgpr, ils vont démissionner en masse du Rdpc, le parti au pouvoir. Étonnant, car une telle désinvolture en mondo vision, face à une autorité d’un tel rang suscite des interrogations.
Les élites de cette partie du pays sont-elles déterminées à passer à autre chose, conscientes qu’elles sont abandonnées à elles-mêmes comme prétendent certaines voix ou bien s’agit -il d’un marchandage, d’une surenchère politique ? Dans la vidéo, on entend ces élus demander à l’armée de tirer sur eux si elle a la volonté. Aucune violence en retour signalée. Ce qui est plus dur dans l’affaire, est la tentative désespérée du gouverneur de la région pour calmer les siens, très remontés pour la circonstance contre le pouvoir et donc contre le Sgpr. D’aucuns parlent de “séquestration” de l’hélicoptère du ministre d’Etat pour l’empêcher de quitter localité sans avoir écouté toutes les doléances des élus du cru.
Au bout du compte, le Sgpr va tenir les réunions et recueillir toutes les récriminations à adresser au chef de l’Etat avant de s’en aller. Quoi qu’on en dise, la fille ainée du Renouveau national, d’habitude si docile et serviable a pris le poil de la bête et n’en fait plus su’à sa tête. Elle prend ses liberté et ses aises aux dépens du pouvoir central, sans gêne et dans façon. La deuxième indélicatesse a été annoncée lors de l’arrivée du ministre de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji dans les région.
En tant que ministre de l’intérieur, il y était pour mettre fin au soulèvement populaire contre la décision des pouvoirs publics de créer un parc dans le Mayo-Danay, le parc de Ma Mbed Mbed. Midjiyawa Bakary et ses collaborateurs dont le préfet de Mayo-Danay, n’ont eu la vie sauve le 7 février dernier que grâce à l’intervention enervique du Bataillon d’intervention rapide (Bir), venue en appui aux Forces de maintien de l’ordre dépassées par la soulèvement des populations à Kourbi, entre Guidiguis et Kaélé.
Le gouverneur et sa délégation étaient encerclés par la population en furie, prête à en découdre si le décret portant création du parc n’est pas levé. C’est dans ces circonstances que le Minat s’est retrouvé dans la région pour calmer la situation très tendue. L’arrivée du Sgpr a permis de comprendre que le malaise est profond, surtout avec le retour des pluies avec ses désastreuses inondations. A côté de cette situation volatile, il y a les conflits intercommunautaires récurrents qui viennent jeter de l’huile sur le feu d’une situation foncièrement explosive, particulièrement dans le Logone et le Chari. Pour l’instant, les grandes figures politiques de la région font profile bas, silencieuses.
Pendant que le Sgpr était aux charbons dans l’Extrême-Nord, Manaouda Malachie, le ministre de la Santé et fils de la région, continuait sereinement sa tournée dans la région de l’Adamaoua. C’est bien parti et tout le monde devrait se raviser. Toutes les voix vont être chèrement acquises dans le septentrion en octobre où prochain. Dans les forums de discussions, certains fils de la localité parlent déjà de rupture et de fin d’une époque. La fille aînée du Renouveau national est -elle devenue la fille rebelle?