Les opérations de révision des listes électorales, pour le compte de l’année 2025, sont en cours depuis le 2 janvier. L’année dernière a permis d’enregistrer un certain engouement, auprès des citoyens en âge de voter.
Par Eric Boniface Tchouakeu
Selon les dernières données publiées le 30 décembre 2024 par le directeur général des élections à Elections Cameroon (Elecam), Erick Essousse, le fichier électoral national comptait, au terme des opérations de révision des listes pour de compte de l’année dernière 7.845.622 électeurs, dont 3.637.665 femmes.
On est donc encore loin des prévisions les plus élevées de certains experts, qui estiment la population électorale camerounaise actuelle autour de 15 millions de personnes.
Les polémiques sont aussitôt nées, après la publication des dernières données concernant le nombre total des inscrits. Elles émanent notamment de l’Alliance politique pour le changement (APC), la coalition soutenant la candidature du principal opposant, Maurice Kamto, à l’élection présidentielle prévue cette année.
Dans une déclaration, le coordonnateur national par intérim dudit regroupement, le député Jean Michel Nitcheu, dénonce un «mensonge» et «de grossières manipulations» de l’organe de gestion des élections et opérations référendaires, relativement aux chiffres rendus publics.
Il affirme notamment qu’à travers «la fameuse pirouette magique de toilettage», le directeur général des élections d’Elecam «a amputé le fichier électoral national provisoire de 270.568, soit plus de deux fois le nombre des inscrits retirés à la publication des listes provisoires (120.000)».
Le fichier électoral provisoire, au terme des opérations de révision des listes électorales, en 2024 affichait, selon Elecam, 8.116.960 électeurs à la clôture des inscriptions, le 31 août, avant les opérations techniques de toilettage.
Par ailleurs, le directeur général des élections avait, dans un premier temps, retiré environ 120.000 personnes inscrites en 2024 sur les listes électorales en évoquant un problème d’absence de leurs empreintes digitales dans les machines, avant de faire marche arrière sous la pression des dénonciations émanant principalement de Maurice Kamto.
Le député Jean Michel Nitcheu a également dénoncé, dans sa déclaration et au nom de l’APC, le choix «provocateur» et l’«opacité» pratiquée par Erick Essousse, qui n’a pas, en 2024 tout comme un an plus tôt, publié la liste électorale nationale telle que prescrit par l’article 80 du code électoral.
L’article 80 du code électoral dispose que, à l’issue des opérations de révision, et au vu des documents et données communiqués par les démembrements régionaux d’Elections Cameroon, le directeur général des élections établit et rend public la liste électorale nationale au plus tard le 30 décembre.
Sur ce point, une procédure a été initiée en janvier 2024 devant le tribunal de grande instance du Mfoundi, qui siège à Yaoundé, par le leader d’opinion Abdouramane Hamadou Baba, pour contraindre le directeur général des élections d’Elecam à publier la liste électorale nationale conformément à la loi électorale. L’organe électoral avait soutenu, devant le tribunal, qu’il lui était matériellement impossible «d’afficher», au même endroit, environ 8 millions de noms. Raison pour laquelle elle affiche les listes électorales ne comportant que les noms des électeurs de la zone concernée, et donc uniquement dans chacune de ses antennes communales. Le juge s’est finalement déclaré incompétent, et le demandeur a fait appel.
Il convient aussi de relever qu’en 2024, on a noté des insuffisances et diverses pannes de machines d’inscriptions d’Elecam ainsi que des retards relativement à l’ouverture de l’enrôlement des nouveaux électeurs dans les missions diplomatiques camerounaises à l’étranger.
Sur ce dernier aspect, des manifestations de protestation, par des membres de la diaspora, ont même parfois été organisées devant certaines missions diplomatiques en Europe, pour exiger l’ouverture des inscriptions sur les listes électorales.
Pour 2025, les opérations d’enrôlement des nouveaux le décret convoquant le corps électoral, qui suspend temporairement jusqu’à la tenue du scrutin concerné, ou qui met définitivement un terme aux inscriptions sur les listes électorales, selon les cas, devant être publié 90 jours avant la date de l’élection.
Le mandat de l’actuel chef de l’Etat, Paul Biya, doit prendre fin le 6 novembre 2025 et une élection présidentielle doit être organisée avant, suivant les délais prescrits par la loi électorale