Par Sandra Embollo
Depuis ce vendredi matin, plusieurs interpellations de ressortissants originaires du Nord ont été signalées dans la capitale camerounaise, notamment au quartier Briqueterie. Selon des témoins, policiers et gendarmes auraient mené des perquisitions dans des domiciles à la recherche présumée « d’armes ». Ces opérations feraient suite à une rumeur diffusée sur les réseaux sociaux par des soutiens de Marthe Cécile Micca, militante du Rdpc, affirmant — sans preuve — qu’un convoi d’armes en provenance du Nigeria aurait été intercepté à Obala.
Dans la même journée, des cas similaires ont été rapportés à Douala. À Bonabéri, un jeune homme nommé Laminou, partisan du candidat Issa Tchiroma Bakary, a été interpellé dans des circonstances non élucidées. À Ngaoundéré, un militant du Fsnc, Alhadji Maroufou, aurait quant à lui été enlevé par des hommes en tenue alors qu’il accompagnait ses enfants à l’école.
Plusieurs observateurs dénoncent une « chasse aux Nordistes » rappelant, selon certains, la stigmatisation des populations bamiléké après la présidentielle de 2018. L’écrivaine Calixthe Beyala a réagi en affirmant que « la chasse aux Nordistes ne sert à rien », soulignant qu’il s’agissait avant tout d’un « référendum anti-Biya » et non d’un vote communautaire.
Ces rafles interviennent dans un climat politique tendu, marqué par la contestation des résultats du scrutin du 12 octobre. Alors que le Conseil constitutionnel doit proclamer les résultats définitifs le 27 octobre, des appels à la mobilisation se multiplient du côté de l’opposition. Les organisations de défense des droits humains appellent à la retenue et à la fin des arrestations ciblées, craignant une escalade ethno-politique aux conséquences imprévisibles.
