Par Ilyass Chirac Poumie
Vous êtes candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2025 au Cameroun. Quelle est votre principale motivation ?
Ma candidature est portée par un appel profond du peuple et un besoin urgent de rupture avec les pratiques politiques anciennes. Je suis motivé par une vision claire: offrir aux Camerounais un leadership intègre, moderne et audacieux. Je crois que le Cameroun mérite mieux. C’est pourquoi je place la compétence, la justice sociale, le développement inclusif, et le changement dans l’exemplarité au cœur de mon engagement. Ces quatre piliers formeront l’ossature de notre renaissance nationale. L’exemplarité n’est pas un slogan pour moi, c’est une ligne de conduite. Elle signifie gouverner avec intégrité, rendre des comptes, respecter les citoyens, et montrer par l’action que le changement est possible. Aujourd’hui, je reviens au Cameroun pour servir, pour réparer, et pour bâtir un avenir digne où chaque citoyen a sa place, sa voix et son espoir.
Votre projet de société repose sur l’ingénierie informatique. Que comptez-vous faire face au faible taux de pénétration d’Internet au Cameroun?
Effectivement, mon projet repose sur l’ingénierie informatique, mais il ne s’y limite pas. Il s’agit d’une véritable transformation de l’État à travers l’usage stratégique de la technologie et de l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, des tâches administratives qui prenaient des mois, voire des années, peuvent être accomplies en quelques heures grâce à l’IA. Je veux désengorger la bureaucratie, rendre notre pays plus efficace, plus dynamique, et placer l’innovation au service du citoyen. Nous allons lancer un Plan National de Connectivité Universelle, avec des partenariats stratégiques pour déployer la fibre optique, la 5G, et surtout, les satellites à orbite basse, afin de connecter chaque coin du Cameroun. Ce plan servira de socle pour moderniser notre société et réinventer nos villes, en créant des “villes intelligentes” : plus harmonieuses, mieux organisées, et centrées sur le bien-être des populations. Nous mettrons en place une administration numérique accessible en tout temps, via smartphones, interfaces simplifiées ou guichets uniques connectés. Chaque citoyen pourra accéder facilement à ses services de santé, d’éducation, d’état civil ou de sécurité sociale – sans dépendre d’intermédiaires, sans corruption, sans délais inutiles. C’est ainsi que nous comptons faire de la technologie un levier de développement, d’efficacité administrative, et de justice sociale.
Disposez-vous déjà d’un parti politique ? Si non, quel est le parti qui vous accompagnera lors de cette élection ?
Je suis soutenu par un vaste mouvement citoyen baptisé Community First – La Communauté d’Abord, actuellement en cours de structuration comme plateforme politique. Cependant, pour l’élection présidentielle de 2025, Community First ne présentera pas directement de candidat, car elle ne dispose pas encore d’élus. C’est pourquoi nous sommes engagés dans des discussions avancées avec des partis politiques déjà établis, disposant d’un ancrage institutionnel et d’élus, pour porter cette candidature dans le respect du code électoral. Les négociations sont en bonne voie, et tout indique que nous serons au rendez-vous de cette échéance cruciale. Community First joue cependant un rôle stratégique en vue des élections municipales et législatives de février 2026. Nous avons l’ambition de présenter des jeunes candidats dans toutes les régions du Cameroun, afin de créer une nouvelle dynamique politique, plus représentative des réalités locales, des aspirations de la jeunesse, et d’une vision forte de transformation, d’inclusion et de proximité avec les citoyens. Ce mouvement met en avant le transfert réel de compétences, une gouvernance renouvelée, et une nouvelle génération d’acteurs engagés à reconstruire notre pays à partir des territoires.
Vous êtes apparemment de nationalité américaine. Or, le Cameroun ne reconnaît pas la double nationalité. De plus, il est exigé de résider au moins six mois sur le territoire national pour prétendre à la magistrature suprême. Comment comptez-vous surmonter ces obstacles?
Je suis Camerounais de naissance et de nationalité. Je n’ai jamais changé de nationalité et je ne possède aucune autre nationalité. J’ai immigré aux États-Unis où je suis titulaire d’une carte de résidence permanente, mais je n’ai jamais demandé la nationalité américaine, par choix et par attachement à mon pays. Depuis 2016, je suis établi au Cameroun de manière stable. Sur les dix dernières années, j’ai passé huit ans et demi au Cameroun et un an et demi à l’étranger pour des raisons professionnelles. Je remplis donc pleinement les conditions de résidence exigées par la loi. Ma candidature respecte toutes les exigences légales et constitutionnelles prévues pour l’élection présidentielle.
On vous aperçoit régulièrement aux côtés du président français. Peut-on y voir un soutien de sa part pour votre candidature?
Je bénéficie de relations internationales solides, construites sur plus de deux décennies de leadership dans les secteurs de la technologie, de l’entrepreneuriat, et du plaidoyer pour l’Afrique. Mes rencontres avec des chefs d’État, dont le président français, sont le fruit d’engagements diplomatiques et économiques dans l’intérêt de l’Afrique. Elles ne doivent pas être interprétées comme des soutiens politiques, mais comme la reconnaissance d’un leadership crédible, capable de porter la voix du Cameroun sur la scène internationale avec respect et compétence.
Avez-vous récemment échangé avec vos aînés originaires du Grand Nord ? Existe-t-il un consensus entre vous, ou comptez-vous avancer en ordre dispersé, au risque d’être broyé par la machine du Rdpc?
Oui, des échanges ont eu lieu, et d’autres sont en cours. Le Grand Nord occupe une place essentielle dans mon projet de rassemblement national. Je suis convaincu que l’heure n’est plus à l’égo politique, mais à la mutualisation des forces pour incarner une alternative sérieuse, structurée, et victorieuse. Je tends la main à tous les leaders du Nord, comme d’ailleurs, pour construire ce consensus tant attendu par les Camerounais. Notre force résidera dans l’unité des progressistes, et non dans la dispersion des ambitions.
Pour permettre à nos lecteurs et auditeurs de mieux comprendre pourquoi vous choisissez de porter la politique sur le terrain de l’ingénierie, pourriez-vous nous retracer brièvement votre parcours scolaire et professionnel?
Je suis ingénieur et entrepreneur de formation, avec plus de 20 ans d’expérience dans la technologie, l’innovation et la gouvernance d’entreprise à l’échelle internationale. J’ai travaillé avec des géants comme Amazon et Microsoft, avant de fonder Limitless Corporation, un groupe technologique de référence, ainsi que CETIA, une organisation panafricaine de promotion des industries électroniques. J’ai également été élu président du World Electronic Forum en 2015, représentant l’Afrique au sein d’un réseau mondial d’acteurs de la tech. Mon retour au Cameroun vise à transférer ce savoir-faire au service du pays, pour bâtir une nation connectée, compétitive, et souveraine.