Par Paul Tjeg
Yango a désormais une existence légale sur le territoire camerounais. Le ministère des Transports vient d’accorder à ce service de transport de passagers disponible via une application mobile, « une autorisation provisoire d’exercice de transport par taxi des personnes pour une durée d’un an renouvelable ». L’entreprise russe était en sursis au Cameroun depuis septembre 2022. A cette période, Le département ministériel chargé des Transports avait servi à cette dernière une mise en demeure, l’invitant à se conformer aux réglementations internes en matière de transport.
Concrètement, le gouvernement souhaitait qu’elle ouvre un siège, une succursale, un bureau, une représentation ou une joint-venture au Cameroun, dans un délai de deux mois. En outre, Yango devait se faire immatriculer auprès du fisc, dans le registre de commerce et de crédit immobilier, et faire une déclaration préalable contre récépissé à l’administration en charge des communications électroniques etc.
Les exigences du gouvernement n’ont pas pu être satisfaites par l’entreprise russe qui, en conséquence, a été frappée d’une interdiction d’exercer au Cameroun. Cependant, en coulisses, Yango a entamé d’importantes négociations avec les autorités camerounaises. Selon nos confrères d’Investir au Cameroun, ces dernières ont pris un tournant positif en marge du 2e sommet Russie-Afrique qui a eu lieu les 27 et 28 juillet 2023. Au cours de cette rencontre, des responsables de Yandex (maison mère de Yango) ont échangé avec la délégation camerounaise au sujet de Yango.
«Le 16 août 2023, le ministre des Transports notifie la décision d’autorisation et envoie la licence au chef du bureau exécutif de Enangue Holding (société en Joint-venture avec Yango au Cameroun). Ngalle Bibehe invite aussi l’entreprise à prendre attache avec la direction des transports routiers pour la signature du cahier de charges», indiquent nos confrères. Une autre source proche du dossier, contactée par Investir au Cameroun, révèle qu’en haut lieu, la non-régularisation de la situation de Yango, était perçue comme un obstacle au renforcement des relations économiques et diplomatiques entre le Cameroun et la Russie.
Surtout que l’entreprise russe a, durant sa suspension, consenti de nombreux pour se conformer à certaines exigences gouvernementales.«La lettre du ministre notifiant cette décision, signée le 16 août 2023, est adressée à Michel Guy France Awana Ateba, chef du bureau exécutif de la société Enangue Holding Sarl. De même, la licence spéciale S10, délivrée à cet effet, est au nom de la même société. Pourtant, la plateforme Yango, contrôlée par le russe Yandex, est exploitée par l’entreprise MLU Europe BV.
En fait, explique une source interne, face à la difficulté des responsables de MLU Europe BV de faire admettre aux autorités camerounaises que Yango n’est pas une société de transport routier, mais une plateforme numérique qui met en lien des usagers et des transporteurs urbains, ces derniers ont dû s’adapter. MLU Europe BV s’est allié à une entreprise ayant une représentation au Cameroun, du nom de Enangue Holding. C’est elle qui a sollicité, après la suspension des activités de Yango le 6 février 2023, la licence S10», explique Investir au Cameroun.