Par Armand Soussia
Le conflit foncier qui oppose des riverains à une église à Nkolbong est en cours d’examen devant la justice, mais cela n’a pas empêché les forces de l’ordre d’intervenir de manière brutale. Alors que des policiers effectuaient des interpellations sur place pour des raisons encore floues, Maître Ngawou, avocat et membre de l’église concernée, a voulu comprendre le fondement de cette opération. Se présentant en tant que professionnel du droit, il a exigé de connaître les motifs des arrestations, mais s’est retrouvé violemment pris à partie par les agents, menotté et jeté dans un pick-up sous les injures des policiers qui revendiquaient leur mépris pour les avocats.
Arrivé au commissariat, le commissaire a immédiatement ordonné sa libération en le reconnaissant, ce qui pose une question de fond : la brutalité infligée à un citoyen dépend-elle uniquement de son statut et de sa reconnaissance par les hautes autorités ? Si l’avocat Gilbert Ngawou n’avait pas été identifié, aurait-il subi d’autres formes d’abus, voire des poursuites arbitraires ? Cet incident n’est pas isolé. Il y a quelques mois, un autre avocat, Tamfu Richard, a été victime d’une agression similaire, roué de coups par des gendarmes et jeté à l’arrière d’un pick-up comme un vulgaire paquet. Ces actes posent une question alarmante sur la considération des avocats au Cameroun et, au-delà, sur la protection des droits des citoyens face à des forces de l’ordre qui semblent agir en toute impunité.
Le rôle d’un avocat est de défendre les justiciables et de garantir l’application des lois. Lorsque ceux qui sont censés faire respecter ces lois se retournent contre les garants des droits, c’est l’ensemble du système judiciaire qui est fragilisé. Le silence ou l’inaction face à de tels abus ne feraient qu’encourager ces dérives et mettre en péril les principes de justice et d’équité. Une réaction forte des autorités judiciaires et du Barreau du Cameroun est attendue pour rappeler aux forces de l’ordre que nul n’est au-dessus des lois et que l’avocat, dans l’exercice de ses fonctions, doit être protégé et respecté.