Par Sandra Embollo
Il y a quelques semaines à peine, Tesla lançait en Chine un essai gratuit de son système FSD (Full Self-Driving), un ensemble avancé de fonctions d’aide à la conduite censé préparer le terrain à la conduite entièrement autonome. Ce déploiement, réservé aux propriétaires de véhicules dotés du matériel HW4, devait permettre à Tesla de convertir les curieux en clients, via une simple mise à jour logicielle sans fil.
Mais la fête a tourné court. Un nouveau texte réglementaire, intitulé “Avis sur le renforcement de la gestion de l’accès, du rappel et de la mise à jour logicielle en ligne des véhicules intelligents connectés”, impose désormais aux constructeurs une procédure d’approbation technique rigoureuse avant toute modification logicielle affectant les fonctions de conduite assistée. Autrement dit, plus question d’envoyer des mises à jour comme on pousse une application mobile. Chaque modification doit désormais passer par les fourches caudines de l’administration.
Tesla freine des quatre roues en Chine : la conduite autonome en zone de turbulence
Le cœur du problème : le FSD repose sur des fonctions dites ADAS (Advanced Driver Assistance Systems), ou systèmes avancés d’aide à la conduite, qui s’approchent du seuil réglementaire de l’autonomie. La Chine exige désormais que les constructeurs soumettent un dossier technique complet, signalent tout incident lié à ces fonctions et assurent un encadrement précis des rappels. Selon Grace Tao, vice-présidente de Tesla en Chine, le processus d’homologation est en cours pour les plateformes matérielles HW3 et HW4. Elon Musk, de son côté, a récemment admis que les véhicules équipés du matériel HW3 n’atteindraient probablement jamais une conduite totalement autonome, sauf à être rétrofités avec un ordinateur plus puissant.
Cette pause réglementaire souligne un fait incontournable : la Chine, pourtant avide d’innovation, entend garder un contrôle strict sur l’évolution des véhicules connectés. Et Tesla, qui avait pris l’habitude d’agir en électron libre, doit désormais apprendre à composer avec des autorités locales qui ne cèdent ni à la hype, ni aux promesses.
FSD Tesla : quid de l’Europe et de la France ?
Quant à l’Europe, elle observe tout cela de près. En France, le FSD n’est toujours pas disponible, ni en version bêta, ni en version commerciale. La réglementation nationale, adossée aux normes européennes, encadre strictement les ADAS de niveau 3 et plus. Pour l’heure, aucun feu vert n’a été donné par la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) ou la Commission européenne à une version de FSD permettant une conduite sans supervision. La conduite autonome de Tesla a d’ailleurs été récemment été refusée au Royaume-Uni.
Tesla devra donc franchir une série d’obstacles réglementaires, techniques et culturels avant de proposer son système en France. Et même s’il y parvient, encore faudra-t-il convaincre des conducteurs peu enclins à céder le volant à une intelligence artificielle.