Par Sandra Embollo
À la demande de la plaignante, Valérie Yapo, qui réclamait la suspension de tous les organes du Pdci et la nomination d’un administrateur provisoire, la justice ivoirienne a répondu que cette requête était désormais sans objet, Tidjane Thiam ayant depuis démissionné de la présidence du parti avant de s’y faire réélire à l’occasion d’un nouveau congrès, le 14 mai dernier.
Si le tribunal a également rejeté la demande de dédommagement d’un franc symbolique formulée par la plaignante, celui-ci a en revanche annulé la sanction disciplinaire prononcée à son encontre au mois d’octobre dernier. La portée de cette décision reste toutefois limitée puisque la direction du Pdci avait déjà levée la suspension de Valérie Yapo de ses instances au mois de mars. Son avocat, Me Alain Bokola, n’a cependant pas caché sa satisfaction à l’annonce de cette décision. « Aujourd’hui ma cliente est réintégrée [au Pdci] par voie judiciaire : c’est une victoire, son honneur est sauf. Longtemps traînée dans la boue, elle supportait difficilement cette sanction », a notamment déclaré ce dernier.
Tidjane Thiam toujours inéligible à la présidentielle
S’il conserve la présidence du Pdci, Tidjane Thiam reste, en revanche, pour l’instant, inéligible à la présidentielle d’octobre prochain. S’appuyant sur l’article 48 du code de la nationalité qui stipule que tout Ivoirien majeur acquérant volontairement une nationalité étrangère perd la nationalité ivoirienne, la justice a effectivement ordonné sa radiation des listes électorales, estimant que celui-ci n’était plus ivoirien lorsqu’il s’y était inscrit en 2022 puisqu’il possédait à l’époque la nationalité française.
Reste que cette lecture de la loi demeure, aujourd’hui encore, très contestée par son avocat. « Interpréter l’article 48 [du code de la nationalité] en disant : “Dès que nous apprenons que vous avez une autre nationalité, vous perdez votre nationalité antérieure”, je trouve cela extrêmement grave. Pour nous, le tribunal s’est trompé en estimant que la perte de la nationalité était automatique, sans procédure de justice », argumente ainsi Me Rodrigue Dadjé.
Après avoir obtenu la nationalité française en 1987, Tidjane Thiam a renoncé à cette dernière au mois de mars dernier, redevenant ainsi automatiquement ivoirien selon le ministère de la Justice.