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Par Sandra Embollo
La 97ᵉ cérémonie des Oscars a commencé ce dimanche 2 mars à Hollywood avec un montage vidéo en hommage à Los Angeles, touchée par des incendies meurtriers en janvier, avant de distribuer les précieuses récompenses du cinéma, durant près de quatre heures.
Anora domine la cérémonie
La cérémonie était annoncée comme un duel serré entre la tragicomédie Anora et le thriller papal Conclave, mais c’est finalement Anora qui a emporté l’Oscar du meilleur film. Réalisé par Sean Baker, qui a obtenu l’Oscar du meilleur réalisateur, Anora suit les mésaventures d’une strip-teaseuse new-yorkaise qui se marie avec le fils d’un oligarque russe, avant de déchanter cruellement face au mépris de classe de sa belle-famille. Tourné pour seulement six millions de dollars, ce film d’auteur avait déjà été récompensé par la Palme d’or à Cannes.
Côté actrices, un duel opposait Mikey Madison, la comédienne principale d’Anora, à la superstar Demi Moore, qui a fait sensation dans The Substance de Coralie Fargeat. Le film comptait cinq nominations, il a remporté l’Oscar des meilleurs maquillages et coiffures pour la transformation physique impressionnante de Demi Moore. Mais c’est Mikey Madison qui a gagné, à 25 ans, l’Oscar de la meilleure actrice grâce son incarnation d’une strip-teaseuse qui se révolte contre le mépris de classe.
« Je tiens à reconnaître et à honorer une nouvelle fois la communauté des travailleurs du sexe », a déclaré la jeune femme en recevant sa statuette. « Je continuerai à soutenir et à être l’alliée de toutes les personnes incroyables. Les femmes que j’ai eu le privilège de rencontrer au sein de cette communauté ont été l’un des points forts de cette incroyable expérience ». Palme d’or à Cannes, ce conte de Cendrillon moderne a également remporté l’Oscars du meilleur scénario original.
Adrien Brody primé une deuxième fois
Adrien Brody rejoint Marlon Brando et Jack Nicholson parmi le club prestigieux des doubles vainqueurs de l’Oscar du meilleur acteur. Dans The Brutalist, le comédien incarne un architecte survivant de l’Holocauste qui émigre aux États-Unis. Il avait déjà remporté la statuette en 2003 pour Le Pianiste, où il jouait un artiste confronté à la Shoah. C’est donc raté pour Timothée Chalamet, qui aurait pu être le plus jeune comédien à remporter l’Oscar du meilleur acteur, en battant de quelques mois le record détenu par… Adrien Brody lui-même.
Kieran Culkin a remporté l’Oscar du meilleur second rôle masculin, pour son personnage dans The Real Pain, un trentenaire juif à fleur de peau, à la fois charismatique et insupportable, qui embarque son cousin dans un voyage mémoriel sur les traces de leur grand-mère en Pologne.
Second rôle pour Emilia Pérez de Jacques Audiard
Zoe Saldaña a remporté l’Oscar du meilleur second rôle féminin, pour son personnage d’avocate mexicaine désabusée dans Emilia Pérez, le drame musical de Jacques Audiard. Elle s’émancipe ainsi de ses rôles dans les blockbusters, elle qui joue Neytiri, dans Avatar et Avatar 2 et qui a prêté ses traits à Gamora, mercenaire à la peau verte, dans Les Gardiens de la Galaxie de Marvel. « Je suis une fière enfant de parents immigrés. Avec des rêves, de la dignité et des mains qui travaillent dur », a remercié l’actrice en partie en espagnol. Par ailleurs, la chanteuse française Camille et son compagnon Clément Ducol ont remporté l’Oscar de la meilleure chanson pour El Mal, un des titres que chante le personnage interprété par Zoe Saldaña.
Malgré ses 13 nominations, Emilia Pérez ne repart qu’avec deux statuettes. Il aura donc eu du mal à se relever des polémiques liées aux propos racistes de son actrice principale Karla Sofía Gascón. Le maître de cérémonie, Conan O’Brien, est revenu avec humour sur ce sujet. « Anora utilise le mot en F [«fuck», NDLR.] 479 fois. C’est trois fois de plus que le record établi par l’agent de Karla Sofía Gascón », a-t-il lancé devant une salle hilare.
Un film brésilien récompensé
Le film brésilien Je suis toujours là,de Walter Salles,a remporté l’Oscar du meilleur film international, grâce à sa chronique du destin d’une famille déchirée par la dictature militaire brésilienne. Conclave, thriller qui propose une plongée dans les arcanes mouvementées de l’élection d’un nouveau pape au Vatican, a lui remporté le prix du meilleur scénario adapté, l’intrigue étant basée sur un roman de Robert Harris. La production lettone Flow a remporté l’Oscar du meilleur film d’animation, grâce aux aventures bouleversantes d’un chat à la dérive, confronté à l’engloutissement de sa planète par la montée des eaux. Elle surpasse Le Robot Sauvage, Vice-Versa 2, Mémoires d’un Escargot et Wallace et Gromit : La palme de la vengeance.
