Par Joël Onana
Une chasse aux sorcières est-elle vraiment en train se produire après le drame ? Au lendemain du crash aérien à Washington qui a fait 67 morts, Donald Trump a étrillé, sans aucune preuve, les programmes « Diversité, Égalité, Inclusion » (« Dei »), un ensemble d’initiatives destinées à promouvoir la diversité, l’équité et l’inclusion sur le lieu de travail.
Puis, le président a incriminé (toujours sans preuve) la pilote du Blackhawk comme responsable, écrivant sur Truth Social : « L’hélicoptère Blackhawk volait beaucoup trop haut. Il était bien au-dessus de la limite de 200 pieds. Ce n’est pas vraiment trop compliqué à comprendre, n’est-ce pas ? L’hélicoptère aurait pu monter, descendre, tourner, mais il n’a pas fait ce qu’il fallait, il a fait l’inverse de ce qu’on lui disait. »
En parallèle, Pete Hegseth, le nouveau secrétaire à la Défense, a déclaré que l’armée avait « abaissé ses normes en accueillant des femmes et des minorités raciales dans ses rangs » tandis que l’armée révélait qu’une femme était aux commandes du Black Hawk le soir du drame…
« C’est insultant pour les familles des victimes »
Il n’en fallait pas plus. Les réseaux sociaux ont lancé une véritable « chasse à la sorcière » pour tenter d’identifier la pilote d’hélicoptère qui était aux commandes du Blackhawk. Une « coupable » semblait alors toute désignée : Jo Ellis, une pilote d’hélicoptère de la Garde nationale de Virginie transgenre.
Le « New York Times » explique qu’une vague de haine en ligne s’est abattue sur la jeune femme à travers des milliers de messages : « Jo Ellis » était le deuxième sujet le plus tendance aux États-Unis sur X (anciennement Twitter) vendredi en fin de matinée avec plus de 90 000 publications. Un déferlement d’accusations tel que la jeune femme s’est sentie obligée de prendre la parole. Dans une vidéo publiée sur Facebook, la militaire a « prouvé » qu’elle était en vie et qu’elle n’avait pas piloté le Black Hawk endeuillé. « C’est insultant pour les familles des victimes d’essayer de lier cet accident à une sorte d’agenda politique. Elles ne méritent pas ça. Je ne mérite pas ça », a déploré Jo Ellis.
Son identité tenue secrète
Ce déferlement de haine et de théories à l’encontre de la pilote – dont rien ne prouve, pour l’heure, qu’elle est à l’origine du drame – a également forcé sa famille à enjoindre l’armée à ne pas divulguer son identité. Une mesure « extraordinaire » destinée à protéger la famille de cette femme qui sera nommée « DUSTWUN », comme le sont les militaires présumés morts, mais dont le corps n’a pas été retrouvé. L’armée a simplement indiqué qu’il s’agissait d’une militaire ayant le grade de « capitaine », qu’elle avait déjà effectué plus de 500 heures de vol et qu’elle effectuait « un vol d’évaluation nocturne annuel obligatoire » le soir du drame. Elle était accompagnée de l’adjudant-chef Andrew Eaves et du chef d’équipage, Ryan O’Hara, jeune homme de 28 ans, père d’un enfant. L’armée a déclaré que les membres de l’équipage de l’hélicoptère étaient « parmi les meilleurs ».