Par Arlette Akoumou Nga
La base militaire de Guantánamo Bay est sur la « ligne de front de la guerre menée contre la frontière sud des États-Unis », a écrit sur les réseaux sociaux le ministre américain de la Défense en arrivant sur l’enclave américaine à Cuba. Selon Pete Hegseth, rien de plus normal au fait que l’armée soit mise à contribution pour lutter contre l’immigration clandestine, car « la protection du territoire souverain des États-Unis est la mission du ministère de la Défense et nous mettons rapidement en place les décrets exécutifs du président sur la sécurisation de la frontière ».
Dans un des décrets signés par Donald Trump le 5 février, le président entend transformer la base américaine de Guantánamo en méga centre de détention géant, capable d’accueillir jusqu’à 30 000 migrants. Cette base est devenue célèbre pour avoir servi de prison extra-judiciaire aux terroristes islamistes après les attentats du 11 septembre 2001, pour les accusations de torture et autres atteintes aux droits de l’Homme.
Au moins 15 personnes y sont toujours incarcérées.
Des migrants incarcérés depuis des décennies dans la base
Documents gouvernementaux à l’appui, le prestigieux quotidien américain New York Times a révélé en septembre dernier que la base militaire était aussi utilisée depuis des décennies par les États-Unis pour incarcérer certains migrants interceptés en mer. Washington entend ainsi désengorger les centres de rétention situés sur le sol américain et accélérer le rythme des expulsions. Le gouvernement entend abriter à Guantánamo des migrants présentés comme dangereux par les autorités, qui sont acheminés par avion militaire. Depuis début février, 170 avaient déjà transité sur la base avant d’être expulsés vers le Venezuela. Le commandement Sud de l’armée américaine, qui coordonne les forces armées du pays dans les Caraïbes et en Amérique du Sud, a fait savoir mardi que « 17 étrangers illégaux représentant une grande menace » étaient détenus à Guantanamo depuis le week-end dernier. Pete Hegseth a lui-même communiqué avoir assisté à l’arrivée de migrants lors de sa visite, sans en préciser le nombre.
Les Nations unies ont quant à elles affirmé le mois dernier que les migrants ne devaient être placés en détention « qu’en dernier recours ».