Par Arlette Akoumou Nga
Alors que l’Ufc se prépare pour son prochain événement phare de samedi, le véritable combat devrait avoir lieu à l’extérieur de l’octogone, dans l’enceinte d’une salle d’audience. La semaine dernière, l’Ufc a perdu sa tentative de révoquer le statut de recours collectif de centaines de combattants d’arts martiaux mixtes qui réclament plus d’un milliard de dollars de salaires. Le procès accuse la société mère de l’Ufc, Zuffa Llc, d’avoir acquis et maintenu illégalement un monopole sur l’industrie du Mma, ce qui a permis aux combattants d’être payés « une fraction de ce qu’ils gagneraient sur un marché concurrentiel ».
Désormais, avec une décision cruciale de la cour d’appel du neuvième circuit des États-Unis, le procès devrait débuter en avril 2024. Les plaignants, qui pourraient inclure plus de 1 200 combattants ayant concouru à l’Ufc de 2010 à 2017, réclament entre 800 millions et 1,6 milliard de dollars de dommages et intérêts. En cas de succès, le procès pourrait remodeler le paysage du Mma et redéfinir le fonctionnement de l’Ufc. En 2006 – suite à l’effondrement du Pride FC, basé au Japon – l’Ufc a consolidé son emprise sur l’industrie du Mma, devenant ainsi la puissance incontestée de ce sport. Cet ascendant a donné à l’Ufc un levier substantiel lorsqu’il s’agissait de négocier avec les combattants.
L’une des conséquences les plus importantes de la domination de l’UFC a été une baisse notable de la rémunération des combattants. L’Ufc détenait un quasi-monopole sur l’industrie du Mma, laissant aux combattants un pouvoir de négociation limité. Avec peu d’alternatives viables, les combattants étaient confrontés à une dure réalité : accepter les conditions proposées par l’UFC ou risquer de se retrouver sans nulle part où combattre professionnellement. En conséquence, la rémunération des combattants ne reflétait pas la popularité et la rentabilité croissantes de ce sport, laissant de nombreux athlètes avoir du mal à joindre les deux bouts. Contrairement à la grande majorité des ligues et organisations sportives, où les athlètes reçoivent entre 47 % et 50 % de leurs revenus, l’UFC a historiquement versé entre 16 % et 19 % de ses revenus aux combattants.
De plus, la position dominante de l’UFC lui a permis de faire pression sur les combattants pour qu’ils signent des contrats à long terme qui comprenaient souvent des clauses restrictives de non-concurrence. Ces clauses empêchaient effectivement les combattants de participer à d’autres organisations de Mma, les enfermant dans des accords exclusifs avec l’Ufc. Cela limitait non seulement les revenus des combattants et la flexibilité de leur carrière, mais soulevait également des inquiétudes quant à l’équité et à la compétitivité du sport. Les combattants se sont retrouvés piégés dans ces accords, incapables d’explorer d’autres opportunités ou de chercher une meilleure compensation ailleurs. Pendant ce temps, l’Ufc continue de générer des revenus records. Selon les documents déposés auprès de la SEC par sa société mère Endeavour, l’organisation a généré 1,14 milliard de dollars en 2022. Au cours des deux premiers trimestres de 2023, l’UFC a généré 611,9 millions de dollars de revenus, en hausse de 16 % par rapport aux deux premiers trimestres de 2022.