Par Sandra Embollo
«Hi, I’m Kim Kardashian. » Chignon relevé sur le haut du crâne, tailleur et jupe noire signés John Galliano tombant sur des talons aiguilles d’une dizaine de centimètres, Kim Kardashian détonne dans la cour d’appel de Paris. Visiblement pas impressionnée par les dorures du palais de justice de l’île de la Cité, la star de télé-réalité américaine lâche un clin d’œil à ses jeunes fans assis dans le fond de la salle.
L’Américaine de 44 ans n’est pas venue pour signer des autographes. Elle témoignait, ce mardi, devant la cour d’assises de Paris lors du procès pour le braquage qu’elle a subi le 3 octobre 2016 à Paris. À l’époque, il s’agit du plus important vol commis sur un particulier depuis vingt ans en France. « Je suis venu pour la voir et la soutenir parce que je pense que ça l’a marquée et qu’elle veut montrer qu’elle n’a pas peur », témoigne Vincent, un fan de 23 ans.Depuis le 28 avril, dix personnes – neuf hommes et une femme – comparaissent pour vol à main armée en bande organisée, séquestration ou encore recel. Elles sont accusées de lui avoir dérobé, sous la menace d’une arme, pour près de 9 millions de dollars de bijoux – dont sa bague de fiançailles, sertie d’un diamant de 19 carats et comptant pour la moitié du butin.
La sécurité personnelle de Kim Kardashian renforcée
À procès exceptionnel, dispositif hors norme. Dès 6 heures ce matin, plusieurs centaines de journalistes français, américains ou encore espagnols se sont pressés dans les couloirs du tribunal pour tenter d’apercevoir la star aux 357 millions d’abonnés sur Instagram. L’Américaine est finalement arrivée par l’arrière du palais de justice, en tout début d’après-midi, entourée de ses quatre gardes du corps, son attachée de presse, ses avocats et sa mère, Kris Jenner. Depuis les événements de la rue Tronchet, Kim Kardashian a considérablement renforcé sa sécurité personnelle. « Je dirais que ce moment a changé sa vie pour toujours. En termes de sécurité, elle ne va plus seule dans les endroits où elle [voyage], elle a perdu sa liberté », expliquait aux juges, quelques heures plus tôt, sa styliste, Simone Harouche, qui a vécu le braquage barricadée dans une salle de bains et a depuis arrêté de travailler avec des célébrités.
En revanche, Kim Kardashian, dont la fortune est estimée par Forbes à 1,7 milliard de dollars, n’a rien perdu de son goût pour le luxe, en témoignent son collier scintillant et sa grosse bague. Contraste saisissant, Aomar Aït Khedache, l’un des principaux accusés du procès, est entré quelques minutes après Kim Kardashian dans la salle d’audience. Appuyé sur sa canne, le vieillard n’a pas eu un regard pour la partie civile.
L’incompréhension, puis la panique
Le président de la cour d’assises appelle la star à la barre. « Je voudrais avant tout remercier la justice française de m’avoir permis de me présenter devant vous afin de vous faire entendre la vérité, selon moi », commence l’Américaine. « Voulez-vous que je raconte tout de A à Z ? » s’enquiert-elle. « S’il vous plaît », lui répond le juge. L’icône de la télé-réalité revient donc longuement sur cette nuit du 3 octobre lors de laquelle elle a vu deux hommes débarquer dans sa chambre alors qu’elle dormait et que ses proches étaient sortis en discothèque, à l’occasion de la Fashion Week parisienne. « À l’époque, il y avait beaucoup d’attentats terroristes dans le monde. Ce soir-là, je n’ai pas tout de suite compris que c’était pour mes bijoux que ces hommes étaient là. »
Les premières minutes, c’est l’incompréhension qui domine Kim Kardashian, les braqueurs étant vêtus de vestes siglées police. Puis viennent la peur et la panique. Une fois les bijoux trouvés, l’un des malfaiteurs allonge la victime sur son lit et s’assoit à califourchon sur son dos pour lui entraver les mains avec un serflex. Celle qui est nue sous son peignoir n’a alors qu’une crainte : se faire violer. « Vous avez pensé mourir cette nuit-là, Madame ? », questionne le président d’une voix douce. « J’étais certaine de mourir ce jour-là », répond Kim Kardashian. Sa styliste, Simone Harouche, garde un souvenir précis des heures suivantes : « J’ai vu Kim endurer le divorce, le deuil, mais jamais dans un état pareil. »
Le pardon de Kim Kardashian à Aomar Aït Khedache
Neuf ans après le casse de la rue Tronchet, Kim Kardashian a commencé des études de droit pour devenir avocate, à l’image de son père, Robert Kardashian. Mais la nuit du 3 octobre 2016 a laissé de profondes séquelles chez la mère de famille : « Mon style de vie est complètement différent aujourd’hui. Je ne poste plus en temps réel sur les réseaux sociaux, sauf si c’est une information publique. Quant à mes bijoux, ils ne sont plus stockés à la maison, mais dans un coffre-fort dédié. Pour ma santé mentale, mes bijoux ne peuvent pas se trouver dans le lieu où dorment mes enfants. » Chez les accusés, le temps – et sûrement la perspective d’une lourde peine – a fait naître des remords. En 2017, Aomar Aït Khedache a notamment écrit une lettre de sa cellule adressée à la milliardaire américaine : « Bien sûr, le passé ne se refait pas, mais j’espère que cette lettre vous permettra d’oublier peu à peu le traumatisme que vous avez subi par ma faute. » À la lecture de ces mots par le président de la cour d’assises, la star américaine fond en larmes. Puis, se retournant vers l’accusé : « J’apprécie cette lettre, je vous pardonne pour ce qui s’est passé, mais ça n’enlève rien à mon traumatisme et au fait que ma vie a changé à tout jamais. »