Par Arlette Akoumou Nga
Le cours de l’action Tesla a augmenté de plus de 50 % depuis l’élection de Donald Trump, début novembre. Au passage, la fortune d’Elon Musk, le patron de Tesla, déjà considéré comme l’homme le plus riche de la planète, a dépassé les 400 milliards de dollars, une première.
Une trentenaire entrée en 2016 chez Tesla France, en région parisienne, n’avait pas autant d’argent sur son compte, mais elle pouvait se prévaloir d’un salaire (très) confortable, autour de 5 000 euros par mois, ainsi que de bonus généreux. Engagée en tant que « spécialiste produit », elle exerçait la fonction de conseillère des ventes. Un premier emploi qui la comblait, et dans lequel elle se montrait performante.
David contre Goliath. Une trentenaire, licenciée pour motif économique en 2020 par Tesla France, vient de voir la Cour d’appel de Versailles condamner l’entreprise pour licenciement abusif, rapporte le Parisien-Aujourd’hui en France. La société d’Elon Musk doit lui verser plus de 100.000 euros.
Entrée dans l’entreprise en 2016 comme “spécialiste produit”, Sophie perçoit un salaire de 5.000 euros par mois. Elle explique être épanouie et performante dans son travail. Contre toute attente, le couperet tombe en novembre 2019. Elle reçoit un courrier qui lui notifie sa convocation à un entretien de présentation des modalités de rupture de son contrat de travail dans le cadre d’un licenciement pour motif économique. “Pas du genre à se laisser faire”
Tesla France y explique, comme à 8 autres salariés, que la “compétitivité de l’entreprise s’est vue fragilisée” durant l’année écoulée. Si “le volume de voitures vendues et livrées” est en hausse dans la zone EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique), “cette augmentation (…) est arrivée par vagues avec des pics élevés à la fin de chaque trimestre, si bien que Tesla a rencontré d’importantes difficultés pour y faire face” fait valoir l’entreprise. Le constructeur américain a décidé d’une “réorganisation visant à limiter ses coûts fixes dans le but d’atteindre la rentabilité”. Sophie se voit proposer une offre de reclassement à un autre poste mais elle refuse. La trentenaire décide d’entamer une procédure en justice contre Tesla.
Plus de deux après, en mai 2022, le conseil de prud’hommes de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) rend une décision favorable en faveur de l’ancienne salariée de l’entreprise. Il reconnaît le caractère abusif de son licenciement économique. “Même contre un géant comme Tesla, un plaignant peut gagner dans un État de droit”, se réjouit l’avocat de la trentenaire auprès du Parisien. D’autant que “Tesla n’est pas du genre à se laisser faire”, appuie-t-il. Victoire finale
Le constructeur est condamné à verser 35.140 euros à Sophie en dédommagement de son “licenciement sans cause réelle et sérieuse”. Une somme importante mais jugée insuffisante par la trentenaire. En effet, si elle était restée dans l’entreprise, elle aurait bénéficié de 87 actions Tesla dont le cours n’a eu de cesse d’augmenter. Sophie décide de faire appel et demande une indemnisation de plus de 170.000 euros. Le 16 décembre dernier, la cour d’appel de Versailles (Yvelines), confirme la décision des prud’hommes. Au titre du préjudice de perte de chance de bénéficier des actions de l’entreprise, Tesla France doit verser près de 60.000 euros. Au total, Sophie doit recevoir plus de 100.000 euros du constructeur pour les différents motifs liés à son licenciement. Comme quoi, les grandes entreprises peuvent perdre certaines batailles.