Par Sandra Embollo
Dans un court discours depuis la Maison-Blanche en soirée, Donald Trump a qualifié l’Iran d’« intimidateur du Moyen-Orient » et a menacé d’effectuer de nouvelles frappes si Téhéran ne fait pas la paix « rapidement ». « S’ils ne le font pas, les prochaines attaques seront bien plus importantes, et bien plus faciles », a-t-il ajouté.
Sur sa plateforme Truth Social, le président américain a affirmé que les États-Unis répondront « avec une force bien plus grande que ce qui a été observé ce soir » à « toutes représailles de l’Iran » à leur encontre.
Le républicain a aussi affirmé samedi soir que les installations d’enrichissement nucléaire de l’Iran avaient été « totalement détruites » par les frappes américaines. « C’est un moment historique pour les États-Unis d’Amérique, Israël et le monde. L’Iran doit maintenant accepter de mettre fin à cette guerre », avait écrit en lettres majuscules le président américain sur Truth Social suite aux frappes.
Peu auparavant, il avait assuré dans un communiqué que « nous avons mené à bien une attaque très réussie sur les trois sites nucléaires en Iran, notamment Fordo, Natanz et Ispahan ».
« Une pleine charge de bombes a été larguée sur le site principal, Fordo », une usine d’enrichissement d’uranium enfouie sous une montagne et au cœur du programme nucléaire de Téhéran, a poursuivi M. Trump.
Tous les avions ayant participé à l’attaque étaient « désormais hors de l’espace aérien iranien », a-t-il ajouté.
Nétanyahou remercie Trump
Selon un responsable de la Maison Blanche, le président américain s’est entretenu après l’attaque américaine avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Dans un message vidéo, celui-ci a félicité l’attaque « audacieuse » de son homologue américain, assurant que les États-Unis étaient « sans égal ».
« Je vous remercie, le peuple d’Israël vous remercie ».
a déclaré M. Nétanyahou, estimant que les attaques américaines représentent un « tournant historique ».
Des médias iraniens ont confirmé les attaques sur les trois principaux sites nucléaires du pays.
« Il y a quelques heures […] une partie du site nucléaire de Fordo a été attaquée par des frappes aériennes ennemies », a indiqué Morteza Heydari, porte-parole du service de gestion des crises de la province de Qom, cité par l’agence Tasnim, sans donner de détail sur les dégâts infligés au site.
« Les défenses anti-aériennes d’Ispahan et de Kashan ont été activées contre des cibles hostiles et plusieurs explosions ont été entendues simultanément », a pour sa part déclaré l’adjoint à la sécurité du gouverneur d’Ispahan à l’agence Fars. Un site de conversion d’uranium est installé près de cette grande ville historique du centre du pays.
« Félicitations à nos grands guerriers américains. Aucune autre armée au monde n’aurait pu faire cela. L’heure de la paix a sonné ! ».
a encore dit le président Trump.
Bombardiers B-2
Les experts s’accordent sur le fait que seuls les États-Unis ont la capacité de détruire les installations nucléaires iraniennes profondément enfouies comme Fordo, au sud de Téhéran. Des avions bombardiers B-2, qui avaient décollé dans la nuit d’une base aux États-Unis, ont participé à l’attaque, ont rapporté des médias américains citant des sources non identifiées.
Le président américain, qui avait assuré que l’Iran ne pouvait en aucun cas disposer de l’arme nucléaire, avait dit vendredi donner au « maximum » deux semaines à l’Iran pour éviter d’éventuelles frappes américaines, mais il a finalement décidé d’aller de l’avant aux côtés de son allié israélien. Il avait réuni en début de soirée à la Maison-Blanche son conseil de sécurité.
Auparavant, le président iranien Masoud Pezeshkian a menacé Israël d’une riposte « plus dévastatrice » à son attaque, et exclu tout arrêt du programme nucléaire de Téhéran. Israël a de son côté prévenu d’une « longue » opération militaire, le chef de la diplomatie, Gideon Saar, affirmant que le risque que Téhéran se dote de « la bombe atomique » avait déjà été « retardé d’au moins deux ou trois ans ». Après l’attaque américaine, Israël a relevé son niveau d’alerte à l’échelle du territoire, où ne sont désormais plus autorisées jusqu’à nouvel ordre que les activités dites essentielles.
Vague d’attaques de drones
Assurant que son ennemi juré était sur le point de l’acquérir, Israël a lancé le 13 juin une attaque massive contre des centaines de sites militaires et nucléaires, tuant les plus hauts gradés du pays et des scientifiques de l’atome.
L’Iran, qui dément vouloir se doter de l’arme atomique et défend son droit à un programme nucléaire civil, a riposté par des vagues d’attaques de drone set de missiles balistiques sur le territoire israélien, la plupart interceptés par les systèmes de défense. Samedi soir, Téhéran a annoncé le lancement d’une « vague importante de drones d’attaque et de drones suicides » vers Israël.
Côté iranien, la guerre a fait plus de 400 morts et 3056 blessés, en majorité des civils, a indiqué samedi le ministère de la Santé.
Les tirs iraniens sur Israël ont fait 25 morts, selon les autorités.
La question à présent était de savoir quelles seront les conséquences de l’intervention américaine. L’Iran a menacé de représailles contre les intérêts américains au Moyen-Orient si les États-Unis décidaient d’intervenir directement dans le conflit. Jusqu’à présent, Washington s’était contenté d’apporter une aide défensive à Israël face aux missiles iraniens.
« Les opérations militaires en Iran devraient rappeler clairement à nos adversaires et à nos alliés que le président Trump pense ce qu’il dit. Le président a donné au dirigeant iranien toutes les chances de conclure un accord, mais l’Iran a refusé de s’engager dans un accord de désarmement nucléaire », a déclaré le speaker (président) de la Chambre des représentants Mike Johnson.
Un débat a fait rage aux États-Unis y compris au sein de la coalition autour de Donald Trump sur l’opportunité d’engager les États-Unis dans une nouvelle guerre au Moyen-Orient, de nombreux partisans du président américain s’opposant farouchement à ce que les États-Unis attaquent l’Iran.