Par Joël Onana
“Mort à Israël, mort à l’Amérique !», ont scandé les nombreux manifestants descendus dans les rues de Téhéran ce vendredi. Sous les drapeaux vert, blanc et rouge de l’Iran, ils ont appelé à la vengeance contre l’État hébreu après son attaque d’une ampleur inédite menée dans la nuit contre des sites nucléaires et militaires. Au moins six scientifiques du programme nucléaire iranien ont été tués lors de ces frappes, ainsi que Mohammad Bagheri, chef de l’état-major de l’armée, et Hossein Salami, à la tête des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique.
«Nous sommes prêts pour la guerre»
Des centaines d’habitants se sont munis de portraits des hommes-clés du régime iranien tués lors de l’attaque pour crier leur indignation dans la ville dépeuplée en raison d’un week-end férié de trois jours à l’occasion de la fête chiite d’al-Ghadir. Parmi les portraits comptent celui de Gholam Ali Rashid, commandant en chef des Gardiens de la révolution ainsi que celui du scientifique nucléaire Fereydoun Abbasi. «L’Iran doit aller jusqu’au bout. Il ne sert plus à rien de tirer quelques missiles sur des points sensibles. Israël doit être détruit à jamais, et c’est la meilleure solution», a estimé Mohammad, fonctionnaire âgé de 45 ans, en marge du rassemblement. Cette véhémence est partagée par Erfan, étudiant de 23 ans. «Nous sommes prêts [pour la guerre]. Nous allons certainement payer un lourd tribut, peut-être bien plus que ce qui s’est passé jusqu’à présent, mais nous sommes prêts à l’assumer», a affirmé le jeune homme.
Pourparlers sur le nucléaire
Les frappes israéliennes ont été déclenchées alors que Washington a entamé en avril des négociations avec Téhéran sur son programme nucléaire. Israël, comme les Occidentaux, accuse l’Iran de vouloir se doter de la bombe atomique et y voit une menace existentielle. Téhéran dément avoir tout type d’ambitions militaires et affirme développer le nucléaire pour des besoins civils, notamment en matière d’énergie. L’Iran et les États-Unis devaient mener dimanche 15 juin un sixième cycle de pourparlers – dont la tenue est désormais incertaine – sur le nucléaire, sous médiation du sultanat d’Oman. Washington demande le démantèlement complet des activités nucléaires iraniennes, exigence que Téhéran considère comme «non négociable».