Accueil » Kenya | La commémoration du soulèvement contre la loi de finances vire à la violence

Kenya | La commémoration du soulèvement contre la loi de finances vire à la violence

Au moins huit personnes ont été tuées et au moins 400 ont été blessées, dont 83 sont dans un état grave, dans les manifestations organisées ce mercredi 25 juin dans tout le Kenya en commémoration du mouvement citoyen de 2024, a déploré une coalition d'une vingtaine d'ONG. La jeunesse s’est mobilisée massivement aujourd'hui pour commémorer le premier anniversaire de la prise du Parlement, qui avait été le point d’orgue de semaines de mobilisation de la Génération Z contre une loi de finances très contestée. La répression policière avait fait plus de 60 morts. C’est à eux que la mobilisation d’aujourd’hui était dédiée, ainsi qu’à toutes les victimes de violences policières.

by world top news
0 comments

Par Arlette Akoumou Nga

Tôt dans la matinée, des milliers de manifestants convergent vers le centre de Nairobi. Habillés en noir, signe de deuil, ils arborent des drapeaux kényans. Parmi eux, Janet Mburu, 32 ans, comptable, n’a pas hésité à venir.

« C’est à cause du sang que je manifeste. On ne peut laisser tuer les gens comme s’ils étaient des mouches. Des personnes continuent de disparaître. Regardez l’affaire Albert Ojwang. Il est arrêté par la police et tout d’un coup, il est mort. Ils essaient de nous tuer ! »

Rapidement la tension monte entre les manifestants et la police

Les manifestants tentent d’entrer dans le Central Business District (Cbd), épicentre de la contestation de 2024, mais ils sont violemment repoussés par la police. Jets d’eau, gaz lacrymogènes, balles en caoutchouc : les forces de l’ordre multiplient les moyens de dispersion. Dans une rue adjacente, Oumar, manifestant, reprend ses esprits.

« La police provoque. On manifestait pacifiquement et elle tire des gaz lacrymogènes sur nous. Sans aucune raison. On demande aux policiers d’arrêter. C’est injuste. Ils doivent se rappeler qu’ils sont Kényans et qu’on se bat aussi pour eux, ou du moins pour leurs enfants ». Des scènes de guérilla urbaine éclatent à Nairobi. Tel un essaim d’abeilles, des dizaines de motos, avec deux ou trois manifestants dessus, ont surgi pour jeter des pierres sur les officiers aux abords de la présidence. « Ils nous jettent dessus tout ce qu’ils trouvent » confiait tout à l’heure un manifestant. Hussein Khalid, de l’Ong Vocal Africa accuse également la police d’utiliser des balles réelles.

Parmi les manifestants figure David Maraga, ancien président de la Cour suprême et futur candidat à la présidentielle de 2027. Il déplore la violence. « C’est extrêmement malheureux. Je ne vois ici que de l’enthousiasme. Je ne vois aucune violence. Ces gens sont pacifiques. Et c’est pour ça que je me joins à cette manifestation. Nous voulons que la Constitution soit respectée, que la vie humaine ait de la valeur. C’est tout ».

Dans les rues, un slogan revient : « One term » – un seul mandat. C’est tout le bien que les manifestants souhaitent au président William Ruto.

Une commémoration transformée en émeute 

L’esprit de fête n’a pas duré longtemps dans le centre des affaires de Nairobi, dès la fin de matinée. Le son des tirs a remplacé celui des vuvuzelas. Jessy Bada essuie ses yeux irrités par les gaz lacrymogènes : « Ils nous tirent dessus avec des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc, des balles réelles. Tout ce qu’ils trouvent. La situation est terrible. Les gens sont gravement blessés. Toute cette violence pourrait s’arrêter si le gouvernement nous écoutait. Sinon, on continuera à se battre pour nos droits. »

Zilsta Oduor est sous le choc : « À chaque fois qu’on manifeste, qu’on demande justice, qu’est-ce qu’on obtient ? Plus de cercueils. Les policiers ont bloqué toutes les rues, mais notre nombre est impressionnant. Les gens continuent à venir. On est là pour demander justice et le départ de notre président. »

Ce rassemblement a été organisé à l’appel des familles de victimes de la répression policière de l’année dernière. Une commémoration transformée en émeute. Pour Hussein Khalid, secrétaire général de l’Ong Vocal Africa, c’est le résultat de tout un système : celui de la violence policière : « Aucune justice n’a été rendue aux victimes, aucun policier n’a été arrêté. Les familles ont été abandonnées sans aucune compensation. Le système est toujours pourri. Rien que ces deux dernières semaines, plus de 20 Kényans ont perdu la vie entre les mains de la police. Donc, ça empire. »

Ce matin, l’Autorité des communications du Kenya a interdit la couverture en direct des manifestations. Dans un communiqué, elle demande aux télévisions et radios de mettre un terme à leurs diffusions, sans quoi elle se réserve le droit de prendre des sanctions. La chaîne NTV a même été suspendue dans l’après-midi.

You may also like

Leave a Comment

About Us / QUI SOMMES NOUS

Comme son nom l’indique, Panorama Papers est un site d’information générale qui couvre la plupart des actualités mondiales en termes généraux. Nous avons également une chaîne YouTube où vous trouverez de superbes interviews et d’autres vidéos d’actualité. Les papiers Panorama sont un produit PANORAMA GROUP, LLC. Nous travaillons avec nos propres moyens (sans sponsors), pour vous fournir une information crédible et de qualité.




NOUS CONTACTER:

SILICON VALLEY 237 APPELEZ VITE

@Tous droits réservés. Conçu et développé par JETECHNOLOGIE