Par Ilyass Chirac Poumie
Me Dorcas Nkongme s’est exprimée avec fermeté sur les arrestations récentes — notamment celles de Sieurs Ekane, Djeukam et Lena Fabrice — les qualifiant de provocations inutiles. Rappelant l’exemple d’Agbor Nkongho, elle affirme que la répression menée en 2016 contre des avocats et enseignants manifestant un droit constitutionnellement reconnu a contribué à l’enlisement de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, avec « un bilan déplorable ».
La militante des droits de l’homme interroge les autorités sur la cohérence de leur discours : « Vous ne pouvez pas clamer la paix et menacer les citoyens et leurs familles », écrit-elle, soulignant que la priorité des populations reste la survie quotidienne — soins, nourriture — plutôt que des appels à la paix déconnectés de la réalité sociale. Elle observe par ailleurs que certaines marches se sont tenues sans arrestations et appelle donc les pouvoirs publics à encadrer, plutôt qu’à réprimer, les manifestations annoncées, « tant qu’elles sont pacifiques ».
Me Nkongme insiste : les prisons sont déjà surpeuplées et « ajouter des détenus ne résoudra rien ». Elle conclut par un appel clair à la libération des personnes interpellées et à la recherche d’une solution par la voie du droit : « Le peuple veut la justice des urnes, oui la force du droit et non le droit de la force. J’ai dit. » Depuis 2016, la crise dite « anglophone » — centrée dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest — a été marquée par des tensions entre mouvements sécessionnistes, forces de l’ordre et acteurs civils.
Des vagues d’arrestations de leaders civils et d’activistes ont souvent suscité des critiques des organisations de défense des droits humains, qui dénoncent l’usage de détentions préventives et de juridictions militaires pour des faits relevant du droit commun. Les appels actuels à la retenue et à la libération des détenus s’inscrivent dans ce contexte de long terme, où les solutions politiques et judiciaires restent au centre des revendications d’une partie de la société civile.
