Par Serge Aimé BIKOI
La lettre de réforme financière vise deux objectifs principaux. Le premier consiste à éclairer le dialogue en cours sur la régulation des activités de la Caisse des dépôts et consignations (Cdec) entre le gouvernement camerounais et les institutions financières de la Cemac, notamment la Beac et la Cobac. Le second consiste à identifier les insuffisances afin de recommander au chef de l’État quelques mesures clés de réorganisation permettant de positionner lesdites institutions financières à la frontière technologique de la finance dans l’optique de l’amélioration continue de leurs performances, tout comme celle de la place financière du Cameroun. Il s’agit, en particulier, de la Caisse des dépôts et consignations (Cdec), de la Caisse autonome d’amortissement (Caa), du Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (Feicom), de la Société nationale d’investissement (Sni) et de la Caisse nationale de prévoyance sociale(Cnps).
La principale mesure clé de réforme financière exposée par l’ingénieur financier est de faire du Cameroun une place financière de référence continentale de premier rang. Dans l’optique de la transformation du système financier visée par la Snd30, “l’objectif fixé par le gouvernement est de faire du Cameroun, à travers un ensemble de réformes, un pays ayant une place financière de premier rang capable de soutenir activement l’industrialisation et, donc, la transformation structurelle de l’économie du pays”, indique Babissakana. L’expert constate que l’un des principaux handicaps du développement de la place financière du Cameroun semble être le niveau faible et inadéquat de l’ingénierie financière de l’État du Cameroun. Cela a été confirmé, sans ambiguïté, par l’opinion défavorable de la chambre des comptes de la cour suprême sur les états financiers 2023 de l’État qui établit que le ministère des Finances (Minfi) ne respecte pas les normes comptables en vigueur. “De ce fait, explique Babissakana, la fonction de tutelle financière exercée par le Minfi, notamment sur les entités financières publiques ne peut être à la hauteur des meilleures normes comptables et financières reconnues. Cette faiblesse structurelle est également confirmée par la très faible notation financière de l’État du grade spéculatif, signifiant “risque très élevé” de attribué par les Agences internationales de rating financier (Standard and poors, Fitch rating et Moody’s)”.
Dans le dessein d’atteindre donc l’objectif de la Snd30, l’une des réformes phares permettant d’accélérer le développement de la place financière du Cameroun est de relever, très rapidement, le niveau de l’ingénierie financière de l’État pour se rapprocher de la frontière technologique. Il s’agit d’aligner l’organisation, le fonctionnement et la régulation des institutions financières publiques aux normes internationales en vigueur, notamment consacrées par les trois Traités internationaux déjà cités, qui ont été, à juste titre, souverainement ratifiés par les autorités publiques compétentes. L’optimisation de la place financière doit prendre appui, selon l’expert, sur les institutions financières publiques, en l’occurrence la Caisse nationale de prévoyance sociale, la Caisse des dépôts et consignations, la Caisse autonome d’amortissement, le Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale et la Société nationale d’investissement.
Babissakana conclut à l’argument selon lequel l’exemple de la Cnps est parlant et convainquant. Et pour cause:”Cet établissement public à caractère spécial se distingue, aujourd’hui, par ses performances élevées, son rayonnement international établi et sa contribution distinctive indiscutable à l’attractivité de la place financière du Cameroun”, illustre l’auteur. En conséquence, l’ingénieur financier demande au chef de l’État de réviser les décrets d’organisation et de fonctionnement de la Caisse des dépôts et consignations, de la Caisse autonome d’amortissement, du Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale et de la Société nationale d’investissement. C’est en vue de les positionner à la frontière technologique de la finance et du marché des capitaux de l’Afrique centrale ouvrant, par-là même, la voie pour les rendre plus performantes.