Par Éric Boniface Tchouakeu
Des scènes d’émeutes avaient été enregistrées dans le pays après la condamnation d’Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme par un tribunal de Dakar le 02 juin 2023, pour corruption de la jeunesse.
Le principal opposant au Président Macky Sall était poursuivi devant cette juridiction pour « viols répétés et menaces de morts » suite à la plainte d’une ancienne masseuse âgée de 20 ans au moment des faits.
Mais Ousmane Sonko, absent du tribunal lors de son procès le 23 mai 2023, a toujours depuis le début de la procédure ouverte contre lui en février 2021, dénoncé « un complot » visant à l’écarter de l’élection présidentielle prévue le 25 février 2024.
Le verdict de l’affaire Sonko est intervenu dans un climat politique alourdit depuis quelques mois par le débat sur la possibilité ou non pour l’actuel Chef de l’Etat, de briguer un troisième mandat à l’occasion de la future présidentielle.
En 2016, la constitution du pays en vigueur depuis 2001, a été révisée à l’issue d’un référendum à l’initiative de Macky Sall notamment sur deux points importants.
La durée du mandat présidentiel est passée de sept à cinq ans ; et alors que l’ancienne version du texte limitait les mandats à deux termes, l’article 27 de la loi fondamentale révisée dispose seulement que : « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. »
Même si le Président Macky Sall, élu pour la première fois en 2012, avait promis que la réduction de la durée s’appliquerait à son premier mandat lors de la campagne pour le référendum, le Conseil Constitutionnel du pays a donné un avis contraire.
Le quinquennat ne s’applique donc qu’à son deuxième mandat. Ce qui selon ses partisans, lui donne la possibilité de candidater de nouveau à la présidentielle de2024. Le camp présidentiel l’a d’ailleurs choisi il y a quelques mois comme son candidat à ce scrutin. Mais le concerné n’as pas encore fait savoir s’il accepte ou refuse cet appel.
Cependant l’opposition n’a pas la même interprétation des textes et pense que Macky Sall doit se retirer après avoir effectué deux mandats consécutifs à la tête du Sénégal.
La plateforme des Forces vives de la nation (F 24), qui est une coalition qui rassemble les partis politiques de l’opposition et la société civile, a récemment demandé à l’actuel Chef de l’Etat de renoncer à un troisième mandat.
Le Président Sénégalais pourrait enfin clarifier sa position au cours de sa prise de parole à l’issue du dialogue national en cours dans le pays depuis le 31 mai ,et dont les conclusions doivent lui parvenir avant le 25 juin 2023.
Quoiqu’il en soit, il doit faire le constat selon lequel, une bonne partie des Sénégalais ne veulent plus de lui à la tête du pays ; en plus de penser que son régime instrumentalise la justice à des fins d’élimination des adversaires politiques.
Le minimum acceptable pour décrisper le climat politique aujourd’hui au Sénégal serait de permettre à tous ceux qui le souhaitent, de pouvoir être candidat à la présidentielle de l’année prochaine.
Il faudra dans cette perspective, prendre des mesures afin que cela puisse être possible notamment pour Ousmane Sonko, Khalifa Sall et Karim Wade, trois opposants ambitieux, aujourd’hui théoriquement exclus à cause de leurs démêlés avec la justice.
Ensuite, il faut offrir des garanties de transparence et d’équité lors de la prochaine compétition électorale, pour permettre véritablement au peuple sénégalais de départager les différents protagonistes.
The last but not the least, le Président Macky Sall pourrait bien prendre de la hauteur, en renonçant à briguer un troisième mandat après 12 années au pouvoir.
Le simple fait qu’au moins 16 vies de Sénégalais aient été perdues au cours des émeutes des derniers jours, plaide en ce sens.