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Par Julie Peh
D’après nos informations, Mirabel Njoh, 33 ans, originaire de Douala, a été abattue de douze balles à Pratteln (Bâle-Campagne) dans la nuit du 12 février 2025 par son beau-père, un Suisse de 70 ans. Le motif ? Une haine raciale latente : « Elle avait du sang souillé », aurait lancé l’assassin avant de tirer, selon des témoins proches de l’enquête.
Mariée depuis trois ans à un ressortissant suisse, Mirabel luttait contre le rejet viscéral de sa belle-famille, qui n’acceptait pas son origine africaine. « Ils la traitaient de “sorcière” dès qu’elle parlait son dialecte », confie une amie de la victime, sous couvert d’anonymat.
Un drame qui rappelle celui de Morelle Nya Tchanga, jeune camerounaise tuée par son conjoint à Douala en janvier 2025, et soulève une question brûlante : « les femmes camerounaises sont-elles condamnées à mourir sous les coups de ceux qui devraient les aimer ? »
Racisme et violence conjugale : Le double calvaire des migrantes
Le cas de Mirabel Njoh n’est pas isolé. Selon un rapport de l’Onu Femmes, 68% des Camerounaises expatriées subissent des violences psychologiques ou physiques au sein de leur foyer. Un chiffre qui grimpe à 82% lorsque le conjoint est d’une autre nationalité. Pourtant, peu osent briser le silence, par peur de perdre leur titre de séjour ou de déshonorer leur famille.
« En Suisse, comme en France, les services sociaux sous-estiment les spécificités culturelles de ces violences » , dénonce Dr. Aïssatou Diallo, sociologue spécialiste des diasporas africaines. « Quand une Camerounaise parle de “sorcellerie” ou de “sang impur”, on lui rit au nez… Jusqu’au drame. »
L’affaire de Pratteln révèle aussi un réseau de complicité silencieuse : le beau-père de Mirabel, bien que connu pour des propos xénophobes, n’avait jamais inquiété les autorités.
Alors que le Conseil fédéral suisse débattait récemment de l’imprescriptibilité des crimes graves, le meurtre de Mirabel Njoh met en lumière les failles du système. Le suspect, retrouvé mort d’une balle auto-infligée, échappera à tout procès.
« Comment apaiser une famille transcontinentale privée de justice ? », s’indigne Me. Paul Nkongo.
Ce drame relance aussi le débat sur l’intégration des migrants africains en Europe. Entre quête d’asile et rêve brisé, Mirabel incarnait ces milliers de camerounais qui fuient les crises politiques, pour tomber dans des pièges familiaux tout aussi meurtriers.
