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Trump, droits de douane et guerres commerciales: Quels enjeux pour l’économie mondiale

Le président des États-Unis a présenté, le 2 avril dernier, une liste de pays et de territoires nommément visés par des droits de douanes réciproques, allant jusqu’à 50%.

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Par Mayi kong Michel Expert en droit et contentieux économique international.

Le président des États-Unis a présenté, le 2 avril dernier, une liste de pays et de territoires nommément visés par des droits de douanes réciproques, allant jusqu’à 50%. Cependant, quelques jours après, il a fait volte-face en mettant une pause de 90 jours à l’exception de la Chine avec qui il continue de maintenir une bataille commerciale en imposant 145% de droits de douanes sur les produits chinois.

Comment comprendre la décision du président américain d’augmenter les taxes douanières ?

D’ego surdimensionné, le président américain DONALD TRUMP a engagé une politique isolationniste et de protectionnisme en augmentant les tarifs douaniers, ceci en vue de propulser la consommation du « made in America » dans l’espace de souveraineté américain. Pour mieux comprendre la décision américaine de l’exécutif présidentiel, il convient de visiter certains aspects de la délocalisation des entreprises. Les entreprises en général sont guidées par des coûts des matières premières, les coûts de mains d’œuvre et les coûts de l’environnement douanier et fiscal. Pour améliorer la qualité des revenus, certaines entreprises préfèrent se délocaliser dans des zones géographiques qui leur offrent des faveurs et une certaine générosité en termes de facteurs de productions. Cette situation explique mieux la délocalisation des entreprises américaines vers le continent asiatique ou les facteurs de production sont généreux. Cette situation diminue considérablement le niveau d’emploi aux États unis entrainant par un effet de boule de neige la baisse du pouvoir d’achat. Cette délocalisation profite au pays asiatique qui maximise sur la hausse de l’emploi, ce qui génère des revenus et une augmentation de la consommation. En augmentant les prix des tarifs douaniers, les entreprises américaines ne seront plus compétitives. Prenons par exemple le cas de la société APPLE qui fait sa recherche et développement au État unis, puis trouve des usines qu’elle ne possède pas auprès des pays asiatiques mais qui donne en sous-traitance pour fabriquer des téléphones. Le téléphone en chine coute à peu près 100 dollars et au État unis il coute 1000 dollars. La société Apple qui a établi une filiale en Irlande où les taux imposition sont de 4 %, achète les téléphones à 100 dollars et les revend à 900 dollars à la maison mère, par conséquent il ne paye presque pas l’impôts au état unis et gagne beaucoup d’argents à travers la générosité fiscale en Irlande. Beaucoup d’entreprises américaines de la technologie comme MICROSOFT ont adopté le même schéma. Deux choses vont se présenter pour ses entreprises avec les décisions du président américain, soit elles vont vendre les produits très chers créant ainsi l’inflation, soit il faut modifier la chaine de production de leurs produits dont les faveurs de grâces fiscalo-douanières sont de nature américaines. L’idée du président américain est de relocaliser ces entreprises aux États unis afin de faire profiter aux américains des différents emplois et revenus déployés au niveau asiatique. Cette situation va stimuler positivement les variations macro-économique des États unis. Cependant cette hypothèse bien qu’irréaliste comporte des risques pervers pour l’économie mondial en générale et l’économie américaine en particulier.

Les risques pour l’économie américaine

Les risques pour l’économie américaine sont pluriels :

a) l’inflation

Les tarifs douaniers auront des impacts significatifs sur les prix des biens lesquelles vont se répercuter sur le pouvoir d’achat. Le marché du travail va devenir très tendu. Ces tarifs douaniers vont créer d’énormes problèmes à la réserve fédérale (FED) qui doit empêcher la hausse des prix aux États-Unis. L’économie américaine est dépendante des importations de chine car la plupart des magasins américains sont remplis des produits chinois. Cette situation peut nuire considérablement à l’économie américaine. Le pire serait pour certains investisseurs de ne plus importer exporter les produits américains. C’est le cas des compagnies aériennes DELTA AIRLINES et RYANAIR qui abandonnent et reportent l’idée d’acheter les AIRBUS fabriqué en Europe. Cette situation porte un coup à l’économie aéronautique américaine.

b) le risque de la chute du dollar

Il faut d’abord préciser que le dollar est la monnaie de référence dans le monde. Beaucoup d’investisseurs achètent les actifs du dollar et les conservent. Beaucoup de pays préfèrent vendre leurs produits aux États-Unis au lieu d’acheter pour faire entrer le dollar au sein de leur économie. En outre, l’économie américaine est beaucoup influencée par les bons du trésor qui sont en réalité des obligations. Ces obligations souveraines sont des dettes que le gouvernement vend sur le marché financier. Autrement dit, le trésor peut facilement émettre la dette pour se refinancer étant donné que le dollar représente une valeur sure. Normalement en temps de crise, les investisseurs se réfugient vers les valeurs sûres comme les bons du trésor et les actifs en dollars. Sauf que depuis la guerre commerciale déclenché par le président TRUMP, beaucoup d’investisseurs vendent leurs titres de dettes américaines. Ce qui peut désagréger l’économie américaine car elle est adossée sur les crédits avec un déficit estimé à plus de 1500 milliards de dollars. Les droits de douane pourraient diminuer la confiance des investisseurs vis-à-vis du dollar américain. Ce qui va diminuer la valeur du dollar. C’est peut-être pour cela que le président américain a suspendu pour 90 jours les tarifs douaniers américains. Pour la petite histoire, en 1930, la Grande Bretagne a perdu son statut de monnaie de référence à cause de sa situation économique qui a entrainé une perte de confiance des investisseurs. Mais on n’est pas encore là.

c) le risque de représailles

Actuellement le gouvernement américain impose les tarifs douaniers de 145% sur les produits chinois tandis que la Chine a décidé de riposter en imposant 125% des droits de douane contre la stratégie américaine. PEKIN a donc choisi la stratégie œil pour œil, dent pour dent. La Chine a commencer à utiliser l’arme des terres rares utile à l’élaboration de certains produits. Pékin a réduit 90% de ses achats de pétrole en provenance des États-Unis. Le gouvernement chinois a demandé à ses compagnies aériennes ne plus accepter les livraisons du constructeur américain BOIENG. La plupart des produits manufacturiers chinois sont exportés des États unis. Conséquence, les actions de certains géants américains chutent sur le marché financier. C’est pourquoi, beaucoup d’investisseurs américains demande à DONALD TRUMP de renouer le dialogue avec le gouvernement chinois. Une possibilité serait de taxer les tarifs douaniers sur les services, ce qui va accentuer les déficits commerciaux des États-Unis. À la différence des biens, Les États-Unis sont en excédent commercial avec les services. Tous les jours, le reste du monde paye les services américains pour l’utilisation de certains produits. Avant la suspension des tarifs douaniers pour 90 jours, l’union européens s’était penché sur la possibilité de riposter sur ces aspects. Une chose est sure, cette guerre commerciale n’est bonne pour les ménages américains.

La place de l’Afrique et le Cameroun

   La politique des droits de douanes est agressive pour certains pays africains dont certains se sont vu imposer les droits de douanes à plus 50% comme c’est le cas avec Lesotho. Personne ne saurait l’expliquer rationnellement le pourquoi de ces taux d’imposition. Ces droits de douane peuvent déstabiliser certaines économies africaines. Il y a toujours une taxe universelle de 10% qui est appliquée à chaque État africain. Avec la rivalité Amérique- chine, c’est toute la géopolitique africaine qui est redessinée.  Le risque est de perdre une part importante du Produit intérieur brut pour certains pays. Les droites douanes américaines peuvent entrainer une récession de l’économie mondiale, ce qui aura des effets pervers sur les économies africaines. Les africains peuvent faire face à ces tarifs douaniers, ils ne doivent pas partir en rang dispersé. Il convient de relever le communiqué du lundi 7 avril 2025 de l’union africaine qui exprime des vives inquiétudes face à la récente décision du président américain DONALD TRUMP d’imposer des droits de douanes élevés à plusieurs pays africains. Il qualifie cette imposition comme une menace pour des décennies de coopération constructive. Cependant deux leviers peuvent permettre de contrer les effets des tarifs douaniers. Il s’agit de la zone de libre échange continentale africaine et l’Africa Growth and Opportunity Act (AGOA) qui a été lancé en 2000 par la loi sur la croissance et l’opportunité de l’Afrique.La zone de libre échange continentale africaine peut être une solution face au tarifs douaniers de Donald TRUMP.  Selon certains économistes, la zone de libre échange continentale africaine constitue l’un des plus grands marchés au monde avec près de 4 milliards de consommateurs. Les africains pourraient prendre l’option d’accélérer la mise en œuvre de la zone de libre échange continentale africaine.Une autre solution serait la renégociation de l’Africa Growth and Opportunity Act (AGOA) qui s’achève en septembre de cette année.Les droits de douanes pourraient déstabiliser les finances de l’État camerounais. La loi des finances de 2025 est de 7314,7 milliards. Avec la rivalité chine-usa, les matières premières ont diminué, le prix du pétrole a diminué de 10% sur le marché international. Avec cette situation l’État camerounais ne pourrait pas vendre ses matières premières à des prix estimés par la loi des finances. Le cas échéant elle peut entraîner une modification de la loi des finances en cours d’année du fait de la perte de certains revenus.Le président Trump viole-t-il le droit du commerce international ?Le commerce international est marqué par l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce de 1994 (GATT), l’accords sur l’évaluation en douane et l’accord sur la subvention et les mesures compensatoires. Le GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) repose sur plusieurs principes comme le principe de non-discrimination via la clause de la nation la plus favorisée qui sous-tend qu’un pays ne peut accorder un traitement commercial plus favorable à un partenaire sans l’étendre à tous les autres pays. Comme autre principe on peut citer la transparence veut que les mesures commerciales soient prévisibles et la réduction progressive des barrières tarifaires. En imposant unilatéralement des droits de douanes punitifs sans passer par l’organe de règlement des différends de l’organisation mondiale du commerce, les États-Unis s’expose à des accusations de violation du GATT notamment l’article 1 sur le traitement de la nation la plus favorisé et l’article II qui limite les tarifs douaniers à des plafonds convenus. Certains membres du gouvernement américain évoquent la sécurité nationale prévu par l’article XXI du GATT. Cet article permet à un pays de prendre des mesures qu’il juge nécessaire à la protection de ses intérêts essentielles en matière de souveraineté. Cet article est souvent critiqué par son caractère flou et facilement détournable. Cet argument manque de crédibilité. L’administration TRUMP a utilisé ses mécanismes internes au détriment des règles du GATT. Il s’est fié à la section 232 du Trade ACT de 1974 qui permet au président américain d’ajuster les importations que le département du commerce a qualifié après enquête de menace pour la sécurité nationale. La section 301 du TRADE ACT de 1974 autorise le président à suspendre les concessions tarifaires en vigueur et imposer des restrictions non tarifaires aux importations. De toutes les façons les décisions politiques du président Donald Trump remettent en cause l’esprit du libre-échange défendu par l’organisation mondiale du commerce.

Par Mayi kong Michel Expert en droit et contentieux économique international.

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