Par Ilyass Chirac Poumie
À mesure que les procès-verbaux de la présidentielle du 12 octobre 2025 remontent des régions, un constat s’impose : le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) et son candidat Paul Biya enregistrent une déroute électorale sans précédent. Les observateurs notent une érosion massive de son électorat traditionnel, particulièrement dans le Grand Nord, région décisive qui avait largement contribué à sa réélection en 2018.
Lors du précédent scrutin, Paul Biya avait obtenu environ 2,5 millions de voix sur 3,5 millions de suffrages exprimés, soit plus de 70 % des voix. La moitié de ces suffrages provenaient des trois régions septentrionales, où il frôlait les 90 % dans l’Extrême-Nord et les 80 % dans le Nord et l’Adamaoua. Mais cette année, le paysage politique a radicalement changé.
Avec la percée d’Issa Tchiroma Bakary dans ces mêmes zones, où il a enregistré des scores majoritaires selon les premiers compilations locales, le Rdpc semble avoir perdu son principal bastion électoral. Les projections issues des missions de terrain et des compilations citoyennes estiment que Paul Biya pourrait difficilement atteindre 1,5 million de voix, alors que le nombre total de votants dépasserait les 4,5 millions.
Même dans le Centre, le Sud et l’Est — régions considérées comme ses zones de repli identitaire, pour ne pas dire tribalistes— le candidat sortant semble en difficulté, notamment à Yaoundé où plusieurs bureaux de vote affichent une avance d’Issa Tchiroma. En 2018, ces trois régions réunissaient à peine 800 000 votants, insuffisants pour compenser les pertes du Nord.
Le detnier élément à signaler à tout prix, c’est l’entrée en jeu de l’électeur indécis. Ceux là qui ont cesser de voter depuis longtemps arguant à chaque fois que
“ça ne sert à rien de voter, tout est jouer d’avance.”
C’est celui-là le véritable artisant de la défaite de Paul Biya. Puisqu’on enregistre subitement 5 millions d’électeurs de plus au lieu de 3 millions en 2018. Le constat fait est ici est que les 2.5 millions du Rdpc aurait plus subit quelques effritement contre une augmentation des indécis qui ont décidé finalement de prendre leur destin en main.
Ces chiffres, encore non officiels, traduisent une recomposition profonde du rapport de force politique au Cameroun, et annoncent peut-être la fin d’un cycle.
Depuis 1982, Paul Biya a toujours bâti ses victoires sur le socle électoral du Nord, consolidé par les alliances internes du Rdpc et le ralliement de figures issues de l’Undp et du Fsnc. Mais l’usure du pouvoir, la poussée de nouveaux acteurs politiques et la revendication d’un changement générationnel ont fragilisé cette coalition. L’élection de 2025, la plus ouverte depuis 1992, pourrait ainsi marquer un tournant historique dans la vie politique camerounaise.
