Par Mon’Esse
Le fonds d’investissement britannique Actis a validé une offre, de l’ordre de 78 milliards de francs, émise par l’Etat en vue du rachat de sa participation majoritaire (51%) dans Energy of Cameroon (Eneo), le principal producteur et distributeur d’électricité du pays, a-t-on appris mardi de source proche du dossier. Cette reprise porterait ainsi à 95%, la part de l’Etat dans le capital de l’opérateur, contre les 5% cédés au personnel.
Pour certains observateurs cependant, l’offre de 78 milliards de francs ne saurait représenter l’ampleur des problèmes dont doit aujourd’hui faire face le domaine de l’énergie au Cameroun, un pays qui continue de ployer sous les délestages.Au niveau du seul segment de la production, l’on estime par exemple à près de 80 milliards, l’enveloppe nécessaire la remise en état du seul barrage hydroélectrique de Songloulou, sans compter l’autre ouvrage de Lagdo, lui aussi dans un état de vétusté prononcé.
Au départ, le comité interministériel en charge du dossier proposait 80 milliards de francs à la partie britannique, sur la base d’une évaluation du cabinet spécialisé Kpmg, contre une autre évaluation gouvernementale de 45 milliards, sur fond de soupçons de surestimation d’Eneo.
L’année dernière, l’État a engagé un audit physique des infrastructures de distribution d’électricité dans les régions du Centre et du Littoral, question d’établir l’état général et la valeur comptable des installations, et de mieux encadrer les obligations de service public de l’opérateur.
Confronté au refus de l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel) de valider une partie de ses investissements déclarés, Eneo avait saisi la Chambre de commerce internationale (CCI) de Paris.Actis estimait, par exemple, à 125 milliards de francs la valeur de ses participations entre 2014 et 2024, en se basant sur des investissements estimés à 60 milliards.Eneo, qui croule par ailleurs sous des dettes de quelque 700 milliards de francs, a également affirmé avoir injecté 400 milliards dans le réseau sur 10 ans, 50% ayant été engloutis dans la distribution, 30% dans le commercial et 20% dans la production.
L’année dernière, l’opérateur, qui indique avoir fait passer le taux d’accès à l’électricité du pays de 56% en 2014 à 75% en 2024, a dû revoir à la baisse (19,10%) son budget d’investissement.Mon’Esse