Par Serge Aimé BIKOI
Dans son allocution prononcée devant une dizaine de leaders de partis politiques et de la société civile invités spéciaux et devant une marée de militants, le leader national du Pcrn a fait un diagnostic sans complaisance des jeux et enjeux des dynamiques d’alliances et de coalitions construites antérieurement et aujourd’hui dans le champ politique camerounais.Tout est parti des interventions du Pr. Jean Calvin Aba’a Oyono, universitaire et membre de la société civile scientifique, de Cyrille Sam Mbaka, président national de l’Alliance des forces progressistes (Afp) et de Abdouraman Hamadou Baba, citoyen, qui ont, tous les trois, appelé à la mutualisation des partis politiques de l’opposition pour affronter le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) à la prochaine élection présidentielle. Saisissant la balle au bond, Cabral Libii a axé son discours sur l’évaluation des formes de coalitions des forces de l’opposition dans l’arène politique camerounaise.
Le leader national du Pcrn se souvient, par exemple, de la présidentielle de 2018, au cours de laquelle l’appel à la mutualisation des partis politiques avait été lancé à quelques semaines du scrutin, mais in extremis, il dit avoir été traité de jeune d’inexpérimenté en politique. “Tu es jeune; tu n’es rien; tu ne connais rien; mets-toi juste derrière nous!”, lui avait-on asséné. Mais lorsque les résultats de l’élection présidentielle de 2018 avaient été rendus publics, les mêmes acteurs politiques qui exigeaient qu’il se rallie à eux sont venus lui proposer d’intégrer le front de la contestation contre, disent-ils, ces faux résultats de la présidentielle. Toute chose récusée et refusée par le leader du Pcrn.
À cause de cet état de choses, C. Libii appelle à la responsabilité individuelle des leaders politiques. “Mettons-nous ensemble! Discutons des formes d’amélioration du processus électoral comme nous le faisons dans le groupe des 7 (Plateforme des sept partis politiques de l’opposition camerounaise qui travaillent sur la réforme consensuelle du système électoral depuis 2021).
Au Pcrn, le travail d’abord !Après avoir analysé les forces et faiblesses de l’opposition, C. Libii pense que pour gagner une élection, il faut d’abord travailler et laisser le peuple décider, dans les urnes, de la victoire.
“C’est pourquoi, explique l’homme politique, le Pcrn (Parti camerounais pour la réconciliation nationale) s’inscrit en faux contre les cassandres qui prophétisent l’échec électoral avant les élections, qui contestent les résultats avant leur proclamation. Nous n’inséminons pas le pessimisme, nous inculquons le travail et l’abnégation”.
Vu sous cet angle, le candidat investi du Pcrn à la prochaine élection présidentielle ne veut pas vivre sous la dépendance de ceux que pensent ou veulent les autres. En attendant donc l’aboutissement des coalitions, cette formation politique soutient mordicus qu’il est impérieux de travailler pour gagner par les urnes.
“Lorsque je me réveille le matin, clame C. Libii, je ne pense pas à la coalition. Je pense d’abord à construire une organisation politique qui, un jour, peut gagner les élections par les urnes”.
L’heure du langage de la vérité face à l’existence des coalitions Le leader national du Pcrn constate que le problème des coalitions, c’est qu’il y a une floraison d’initiatives qui naissent toujours à la veille des échéances électorales. La preuve, il y a, aujourd’hui, l’Alliance politique pour le changement (Apc), l’Alliance pour la transition politique pacifique(Atp) et le Groupe de Douala. Eu égard à la présence des mouvances de coalition,
“la vérité, insiste C. Libii, est qu’on se connaît dans l’échiquier politique. Lorsqu’on va dans une coalition, il faut que les gens qui y vont aillent avec quelque chose qu’ils peuvent perdre. Soit tu vas avec une notoriété que je me suis construite dans mon parcours politique (Ça m’est cher et je ne peux pas le perdre), soit je viens avec les résultats de travaux probants de terrain dont j’ai fait les sacrifices. Le problème des coalitions, c’est que entre les gens qui ont à perdre et ceux qui n’ont pas à perdre, c’est que ceux qui n’ont rien à perdre vont vous perdre”.
Au demeurant, C. Libii appelle les différents leaders et acteurs politiques à prôner l’humilité et l’objectivité dans cette affaire de coalition. Et pour cause : l’homme politique ne voudrait pas engager tous ces militants dans une affaire où il connaît leurs sacrifices.
“Je n’emmènerais pas ce peuple-ci(les militants massés en salle) dans une coalition où il y a risque de saborder leurs sacrifices”.
L’homme politique croit donc fermement à la mutualisation des idées et au travail sur le terrain pour vaincre par les urnes, car ce n’est pas parce que l’alternance politique n’a jamais eu lieu qu’elle est impossible.