Par Ilyass Chirac Poumie
À Garoua, la tension reste extrêmement élevée après des tirs sur des manifestants massés devant le domicile d’Issa Tchiroma Bakary. Selon le camp du candidat, les Forces — identifiées localement comme les FMO — ont fait feu à bout portant sur les personnes formant un bouclier humain pour protéger le leader. Le bilan communiqué par les proches d’Issa Tchiroma fait état de deux morts.
Dans une déclaration relayée par ses équipes, Issa Tchiroma a dénoncé l’action des tirs et interpellé les auteurs : « Je me demande ce qu’on dira cette fois. Tirer à bout portant sur vos propres frères — je me demande bien si vous n’êtes pas des mercenaires. Tuez-moi si vous voulez, mais je libérerai ce pays par tous les moyens. » Il a par ailleurs qualifié la situation d’« impunité notoire ».
Aucune confirmation officielle du bilan n’a encore été fournie par les autorités. Les vidéos et témoignages partagés sur les réseaux sociaux montrent des scènes de panique et des blessés, tandis que les appels à la retenue se multiplient localement.
Ces violences surviennent dans le sillage de la proclamation par le Conseil constitutionnel de la réélection de Paul Biya, décision contestée par Issa Tchiroma et ses partisans qui dénoncent un « vol » des élections. Depuis l’annonce, plusieurs villes — dont Douala et Garoua — ont connu des manifestations, des barricades et des heurts entre manifestants et forces de sécurité. La situation humanitaire et civile se détériore localement, et la communauté internationale a appelé à la retenue et au dialogue, sans qu’une résolution de la crise ne soit à ce stade en vue.
