Par Armand Soussia
Le Conseil constitutionnel a officiellement proclamé Paul Biya vainqueur de l’élection présidentielle avec 53,66 % des voix, contre 35,19 % pour son principal adversaire, Issa Tchiroma Bakary. À 93 ans, le chef de l’État sortant conserve le pouvoir, après une campagne qu’il n’a menée que dans une seule ville du Cameroun.
Quelques minutes seulement après l’annonce des résultats, la situation a dégénéré à Douala. Dans les quartiers d’Ange Raphaël, de Bepanda Axe-Lourd, de Makepe Missoke et de Texaco Aéroport, des routes ont été barricadées par des habitants en colère, scandant des slogans hostiles au régime. Des témoins font état de coups de feu tirés par la milice présidentielle autour du domicile d’Issa Tchiroma. Plusieurs morts seraient à déplorer selon des sources locales.
Les forces de sécurité sont déployées en nombre dans la capitale économique, tandis que les appels au calme peinent à contenir la fureur populaire. Les manifestants affirment que leur victoire leur a été « volée » par le Conseil constitutionnel, qualifié d’instrument du pouvoir.
La proclamation de Paul Biya intervient dans un climat de méfiance généralisée. L’opposition et plusieurs organisations de la société civile dénoncent un processus électoral « verrouillé » et « manipulé ». Le Conseil constitutionnel, dont la majorité des membres sont issus du parti au pouvoir, a rejeté toutes les plaintes déposées par les candidats opposés au président sortant.
Sur le plan international, plusieurs chancelleries appellent à la retenue et à la recherche d’une issue pacifique. Mais sur le terrain, la rue camerounaise semble décidée à défendre sa version de la vérité des urnes.
