Par Armand Soussia, Garoua
La tension atteint un niveau critique à Garoua. Selon des témoins sur place, des unités de l’armée ont ouvert le feu à bout portant sur la foule massée devant le domicile d’Issa Tchiroma Bakary, candidat malheureux à la présidentielle, mais autoproclamé « président élu » par ses partisans. Ces derniers formaient depuis la veille un bouclier humain pour empêcher toute arrestation ou enlèvement de leur leader.
Les détonations ont semé la panique dans le quartier. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des scènes de chaos, avec des blessés étendus au sol et des habitants criant à « l’assassinat du peuple ». Les premières estimations évoquent plusieurs morts, sans qu’un bilan officiel ne soit encore communiqué.
Les autorités n’ont pas encore réagi à ces accusations, mais la situation demeure explosive. Des renforts militaires auraient été dépêchés dans plusieurs zones sensibles de la ville, tandis que des appels à la désobéissance civile circulent dans le Grand Nord.
Depuis la proclamation de la victoire de Paul Biya avec 53,66 % des voix par le Conseil constitutionnel, les protestations se sont intensifiées à travers le pays. L’opposition dénonce un « vol électoral » et accuse le pouvoir d’utiliser la force pour étouffer la contestation.
Garoua, bastion politique d’Issa Tchiroma, est devenue l’un des épicentres de la résistance populaire. Ces violences marquent une nouvelle escalade dans la crise post-électorale, dans un contexte où la communauté internationale multiplie les appels à la retenue et au dialogue.
