Par Ilyass Chirac Poumie
Dans un document daté du 5 novembre 2025, signé par Me Nguefack Augustin, avocat au barreau du Cameroun, un collectif d’une trentaine de juristes annonce le lancement d’un vaste appel à témoins à travers le pays. Le groupe entend rassembler des informations, témoignages et preuves relatives aux crimes, disparitions, tortures et arrestations arbitraires survenus depuis l’élection présidentielle.
Les avocats affirment agir dans le cadre des instruments nationaux et internationaux relatifs aux droits humains — notamment la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Convention contre la torture, et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.
Ils dénoncent une série d’enlèvements, de détentions secrètes et de violences à l’encontre de civils et de militants politiques, rapportant des cas de « viols en série », de « tortures » et de « séquestrations » commises sous couvert de « garde à vue administrative ».
« Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, les enlèvements concernent aussi bien des militants du Fsnc que leurs proches, amis et sympathisants », précise le communiqué, qui accuse certaines autorités de faire obstruction à l’accès des avocats à leurs clients détenus.
Le collectif invite toute personne — témoin, victime, agent des forces de l’ordre ou fonctionnaire — à transmettre des informations de manière confidentielle ou anonyme, en précisant l’identité des victimes, la date, le lieu et la nature des faits. Ces éléments, indiquent les signataires, permettront d’alimenter les dossiers en vue de futures actions judiciaires au Cameroun ou devant la CPI.
Depuis la proclamation de la victoire du président sortant Paul Biya le 12 octobre 2025, le Cameroun connaît une recrudescence d’arrestations, de violences et de disparitions signalées. Plusieurs ONG et associations locales ont dénoncé une « répression systématique » des opposants et des civils dans les régions du Littoral, de l’Ouest et de l’Extrême-Nord.
L’appel du collectif d’avocats s’inscrit dans un contexte de contestation post-électorale marquée par des tensions persistantes et une demande croissante de reddition de comptes.
