Par Léopold DASSI NDJIDJOU
D’emblée dans son discours d’ouverture des travaux, le maître des céans, Joseph Beti Assomo, a mis sur la table une cartographie des différentes poches de menace à la sécurité du pays. Il n’est pas resté à la frontière, où dans les régions coutumièrement troublées, mais cette fois, il a pris en compte la préoccupante question de la voirie, du ramassage des déchets ménagers, de la fourniture de l’électricité dans les ménages ou de la sécurité routière. « Dans les grandes métropoles, il y a lieu de prendre en compte le mécontentement d’une frange de la population des villes de Yaoundé et de Douala, qui ne cesse d’extérioriser leurs préoccupations face à des voiries urbaines dans certaines portions, le ramassage laborieux des ordures ménagères, le délestage de l’énergie électrique, etc…, autant de situations que nous devons suivre de très près », a déclaré in extenso le patron de la Défense avant d’ajouter que les responsables sécuritaires doivent être conscients de ce que la sécurité du pays à cette période toute particulière concerne l’ensemble du territoire national et mettre tout en œuvre pour prévenir et éviter l’apparition de toute éventuelle source supplémentaire d’insécurité, endogène et exogène, dans le pays.
Ensuite, il a évoqué « les actions de prévention contre la criminalité routière, le suivie étroit des poches de mécontentement sociales, le contrôle des mouvements des personnes et des biens, la proactivité dans toutes prises en compte des remous sociaux, l’anticipation dans la gestion des catastrophes d’origine humaine et naturelle, la lutte acharnée contre la violence urbaine et rurale ».
Revenant sur les menaces classiques qui agitent le pays, il a commencé par évoquer dans l’Extrême-Nord une persistance des incursions des terroristes de la secte islamique Boko Haram en quête de pitance.
« Les actions offensives concertées de nos Forces, appuyées par les autorités administratives, en synergie parfaite avec les populations locales, et en collaboration avec la Force multinationale mixte de la Cblt et les Armées nationales des pays membres, continuent de montrer toute leur efficacité. Toutefois, plusieurs indicateurs sécuritaires objectifs nous invitent à la prudence et à une vigilance plus accrue ».
a-t-il tempéré.
S’agissant des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, il a indiqué que les groupes terroristes, privilégient depuis un certain temps une violence gratuite contre les populations civiles de céans par la destruction de leurs biens et des enlèvements.
« Ces hors-la-loi profitent de toutes occasions de festivités ou de zones lacunaires pour mener des exactions perfides contre les populations civiles qui s’opposent à leurs actions criminelles ; cela a été le cas le lundi 06 novembre 2023 dans la localité “Egbekaw”, arrondissement de Mamfé, département de la Manyu, région du Sud-Ouest, où un groupe terroriste a incendié plusieurs habitations civiles faisant ainsi de nombreuses victimes ».
a-t-il explicité en exemple.
Les menaces aux frontières
Il y a d’abord la frontière avec le Tchad qui est préoccupante. Le ministre a signalé la prégnance des problématiques de transhumance armée interétatique et d’insécurité transfrontalière le long de la frontière avec ce pays voisin.
« C’est dans ce cadre que, sur très hautes instructions du chef de l’Etat, chef des Forces armées, j’ai reçu les 02 et 03 octobre 2023, une délégation de la République du Tchad conduite par Monsieur le Ministre des Armées, des Anciens combattants et victimes de guerre, pour une concertation bilatérale à Yaoundé relative aux questions de sécurité transfrontalières communes ».
a-t-il appuyé avec insistance.
A la frontière Est, les groupes rebelles des pays voisins sont loin d’avoir dit leur dernier mot, ce qui appelle à une extrême vigilance des dispositifs à cette frontière afin d’éviter des incursions sur le territoire national. A la frontière Sud et sur le plan d’eau, « la situation est relativement calme et bien maitrisée ». Les menaces maritimes, quant à elles, « sont contenues grâce aux actions coordonnées de nos forces et au dispositif de coopération avec les marines du Nigéria, de la Guinée Equatoriale, de Sao-Tomé et Principe, du Gabon et du Congo Brazzaville ».
Il faut souligner par ailleurs qu’autour du Mindef il y avait du beau monde. Le ministre de l’Administration territoriale, représenté par son secrétaire général ; le Délégué général à la Sûreté nationale, les deux secrétaires d’Etat à la Défense, d’une part celui en charge de la gendarmerie nationale et d’autre part celui chargé des Anciens combattants et des victimes de guerre ; le haut commandement militaire élargi aux commandants territoriaux des Régions militaires interarmées et les régions de gendarmerie sous la conduite de général de Corps d’armée, chef d’Etat-major des armées, ainsi que quelques invités spéciaux de certaines structures de l’Etat en charge des questions de sécurité. Tous ces aspects de la vie sécuritaire ont été examinés à huis clos, à travers les exposés des chefs opérationnels.
Au bout du compte, la synthèse sera envoyée à la présidence de la République comme il en va chaque année. En plus, des résolutions, des recommandations et des instructions seront données pour une poursuite heureuse et plus efficace de l’action des Forces de Défense et de Sécurité aux quatre coins du pays, pour un encadrement efficient des fêtes de Noël 2023 et de Nouvel an 2024.