Une interview de Julie Peh
Dr Fatimatou Kouotou Poumie, vous êtes la Directrice Exécutive de la fondation Nguon, merci d’avoir accepté répondre aux questions de Panorama Papers: comment avez-vous ressenti le succès de la 548e édition du Nguon, qui a rassemblé des participants du monde entier à Foumban ?
La 548e édition du Nguon, célébrée avec faste et solennité du 29 novembre au 08 décembre 2024, a marqué un tournant historique. Cette édition, organisée au lendemain de l’inscription du Nguon sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, a rassemblé des participants venus des quatre coins du monde. Ce fut une immense fierté et un honneur de voir nos traditions briller sur la scène internationale. Le succès retentissant de cet événement témoigne non seulement de la richesse et de la pertinence de notre patrimoine, mais aussi de l’engagement collectif à en préserver l’essence.
Quels ont été, selon vous, les moments forts de cette édition qui ont marqué les esprits ?
Parmi les moments marquants, je retiens la cérémonie de Nyam Nguon, où les offrandes populaires ont été remises au Sultan-Roi des Bamoun, symbolisant le lien profond entre le peuple et son souverain. L’inauguration des infrastructures financées par le gouvernement et la tenue du Salon Agropastoral, sous l’égide du Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural, ont également été des temps forts. La cérémonie de jugement rituel du Roi a captivé l’attention des visiteurs par sa profondeur symbolique. Enfin, les spectacles culturels, les expositions artisanales, et surtout, la remise officielle du certificat de l’Unesco resteront gravés dans les mémoires.
Pouvez-vous nous donner une idée de l’ampleur de l’organisation de cette édition, notamment en termes de nombre d’invités accueillis ?
Cette édition a mobilisé des moyens exceptionnels. Nous avons accueilli environ 10 000 invités officiels, parmi lesquels des délégations internationales, des représentants d’organisations culturelles et des autorités nationales. Le village Nguon a enregistré plus de 20 000 visiteurs en dix jours, venus vivre une immersion unique dans la richesse de nos traditions et participer à des activités économiques, culturelles et artistiques.
Comment avez-vous géré la logistique pour accueillir et héberger les invités, et quels ont été les défis rencontrés ?
La logistique a été un défi majeur. Nous avons collaboré avec des agences telles qu’Avenir Voyage et des structures hôtelières locales pour garantir un accueil optimal. Un plan de transport fluide a été mis en place, incluant des partenariats avec Brussels Airlines et camair-co pour faciliter l’arrivée des invités internationaux. Cependant, l’affluence exceptionnelle a nécessité une coordination minutieuse pour répondre aux besoins croissants en hébergement, restauration et mobilité urbaine.
Y a-t-il des défis ou des inquiétudes que vous avez rencontrés lors de l’organisation de la dernière édition ?
Oui, parmi les défis, je citerais la gestion des foules dans un contexte où la sécurité devait être priorisée, ainsi que les exigences logistiques pour répondre aux attentes des invités. Par ailleurs, assurer un équilibre entre tradition et modernité dans la mise en œuvre des activités a également été un enjeu important.
Le festival a-t-il compté des stands et des exposants ? Lequel vous a le plus impressionné et pourquoi ?
Oui, nous avons eu le privilège d’accueillir divers exposants, notamment dans les domaines de l’artisanat, de la gastronomie, et de la pharmacopée traditionnelle. J’ai été particulièrement impressionnée par le stand des écrivains bamoun, qui a su valoriser nos récits historiques tout en s’adaptant aux attentes modernes. De même, les entreprises partenaires ont fait preuve d’une créativité remarquable dans la présentation de leurs produits et services.
Quelle impression vous a laissé la présentation des infrastructures culturelles financées par le Ministère des Arts et de la Culture et le Conseil Régional de l’Ouest ?
Ces infrastructures représentent un investissement précieux pour la sauvegarde et la transmission de notre patrimoine. Leur présentation, fruit d’un travail collaboratif acharné sur plusieurs mois, a suscité une grande émotion. Elles constituent un cadre structurant pour la pérennisation des activités du Nguon et offrent une plateforme adaptée pour les générations futures.
Comment voyez-vous l’impact de l’inscription du Nguon sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco sur l’organisation future du festival ?
Cette inscription ouvre une nouvelle ère pour le Nguon. Elle impose un devoir de professionnalisation et d’excellence dans son organisation, tout en attirant une visibilité mondiale accrue. Elle nous engage également à intensifier nos efforts pour préserver l’authenticité des rituels et traditions qui font l’âme du festival.
Quels sont vos espoirs et vos attentes pour l’édition prochaine, notamment en ce qui concerne la participation de la communauté et de la diaspora ?
Nous espérons une mobilisation encore plus grande, tant au niveau local qu’international. La diaspora a un rôle crucial à jouer en tant qu’ambassadrice du Nguon, et nous comptons sur elle pour contribuer activement à la prochaine édition.
Enfin, quels sont vos plans pour assurer la réussite des prochaines éditions du Nguon ?
Sur instruction du Sultan-Roi des Bamoun, 1er chef rituel et temporel du Nguon, nous mettons en place un plan stratégique basé sur la formation des équipes, l’amélioration des infrastructures, et le renforcement des partenariats avec les institutions nationales et internationales. Notre objectif est d’assurer la pérennité du festival tout en continuant à célébrer nos traditions avec excellence.
Dr. Fatimatou Poumie, Merci pour cet entretien . Nous vous souhaitons beaucoup de succès pour les prochaines éditions du festival Nguon.
Je vous remercie pour cette opportunité.