Par Mon’Esse
La Cameroun Postal Services (Campost) est au cœur de problématiques structurelles récurrentes, selon une note diagnostique du laboratoire de recherches O’Lab d’Obiv Solutions.
L’étude relève plusieurs insuffisances, allant de l’absence de mises à jour régulières à l’indisponibilité d’une messagerie instantanée, en passant par l’inexistence d’un rapport annuel de performance ou encore l’absence d’une newsletter destinée à informer et fidéliser les usagers.
Au chapitre de la gouvernance, Obiv Solutions note que les conclusions de la Commission technique de réhabilitation (CTR) des entreprises publiques, pour la période 2019-2022, mettent en exergue une performance globale préoccupante, aucun exercice n’ayant permis d’observer une amélioration structurelle durable, malgré l’adoption de mesures de restructuration et les appuis financiers de l’État visant son redressement.
Sans compter que le classement des entreprises publiques, publié en 2023 par le ministère des Finances (Minfi), maintient la Campost dans la 5ème catégorie, «traduisant une stagnation persistante de sa performance globale».
De même, le site web officiel de l’entreprise ne fournit actuellement aucune information relative à sa situation financière, aucune donnée concernant la publication de son rapport financier annuel, son bilan comptable ou tout autre document, permettant d’apprécier sa santé financière et sa performance économique, n’étant accessible en ligne.
«Cette absence d’information constitue une lacune majeure, au regard des principes de bonne gouvernance qui s’imposent aux entreprises publiques, en particulier dans un contexte où la transparence financière est un enjeu clé pour renforcer la confiance des citoyens, des investisseurs et des partenaires institutionnels.»
La note diagnostique signale également, à la Campost, une communication inexistante des activités prévues dans la Stratégie nationale de développement (SND30) et la Stratégie sectorielle de la gouvernance 2030, une omission qui interroge sur l’alignement effectif de ses initiatives avec les orientations stratégiques définies par le gouvernement pour le développement national à cet horizon.
Entre 2019 et 2022, mentionne Obiv Solutions, cette société a vu s’enchaîner des problématiques structurelles récurrentes, liées aux capitaux propres constamment déficitaires, un déficit opérationnel chronique, une masse salariale disproportionnée et une dépendance structurelle aux dispositifs de soutien public.
Conséquence : aucun exercice ne témoigne d’une amélioration structurelle pérenne, malgré l’adoption de mesures de restructuration et des injections financières comptables de l’État, une trajectoire qui «révèle une absence de viabilité économique intrinsèque, soulignant l’incapacité des mécanismes correctifs mis en œuvre à inverser une dynamique de dégradation systémique».
Pour son redressement, un contrat-plan de 22,87 milliards de francs a été signé pour la période 2019-2021, visant la restructuration, l’assainissement financier et la modernisation des infrastructures.
Et, en dépit de la mobilisation de 9,32 milliards de francs, plusieurs projets restent en attente faute de ressources suffisantes, laissant l’entreprise dans une situation de fragilité persistante.
Créée en avril 2004, la Campost est issue de la fusion de la Société nationale des postes et de l’ex-Caisse d’épargne postale.
Il s’agit d’une société à capitaux publics ayant l’Etat pour actionnaire unique, avec pour missions le développement et l’exploitation des réseaux et services postaux, la fourniture des services postaux à caractère financier, la promotion de l’épargne nationale, l’offre de services liés aux transferts de fonds ainsi que la gestion des produits et des actifs d’assurance.