Par Julie Peh
C’est un geste fort et inattendu dans un climat politique tendu. Le colonel Didier Badjeck, ancien responsable de la communication au ministère de la Défense, a décidé de rompre le silence pour dénoncer ce qu’il qualifie de « dérives graves et persistantes » du régime RDPC. Son message, relayé sur plusieurs canaux, appelle à un sursaut moral et à une refondation républicaine fondée sur la vérité et la justice.
Pour de nombreux observateurs, cette sortie marque un tournant : celle d’un officier supérieur qui, après des années de service au cœur de l’appareil sécuritaire, choisit de se placer du côté du peuple. Dans un contexte où la loyauté militaire reste un pilier du pouvoir, la déclaration du colonel Badjeck résonne comme une fissure dans le mur de silence entourant l’armée.
« Quand un militaire, habitué à défendre la patrie, choisit de se dresser contre l’injustice et la corruption, c’est le signe que le vent tourne », commente un analyste à Yaoundé. Le colonel appelle à un engagement pacifique, mais ferme, pour un Cameroun nouveau — un État au service des citoyens, non des privilèges.
Cette prise de position, saluée par plusieurs figures proches du candidat Issa Tchiroma Bakary, est interprétée comme un signe d’évolution au sein de l’appareil militaire. Selon des sources concordantes, certains officiers de garnison auraient également exprimé en privé leur désarroi face à la gestion politique du scrutin du 12 octobre.
Didier Badjeck, officier supérieur de l’armée de l’air, a été porte-parole du ministère de la Défense durant plusieurs années, avant de quitter ses fonctions pour se consacrer à des activités de conseil et de communication stratégique. Connu pour son franc-parler, il s’était déjà illustré par des sorties publiques appelant à une meilleure gouvernance sécuritaire.
Sa récente prise de position intervient dans un contexte de tension post-électorale, où plusieurs voix civiles et militaires appellent à une transition pacifique et à la reconnaissance des résultats issus des urnes.
