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Par Arlette Akoumou Nga
L’éventuelle visite du pape Pape Léon XIV au Cameroun, prévue dans le cadre d’une tournée africaine, continue de susciter de fortes réactions dans le pays. Si les autorités camerounaises y voient une marque d’honneur et un signe d’apaisement spirituel, une partie du clergé et de la société civile exprime son désaccord.
Le père Ludovic Lado, jésuite et figure connue pour ses prises de position courageuses, a publié une lettre ouverte adressée au pape Léon dans laquelle il lui demande de ne pas se rendre à Yaoundé « dans un moment aussi trouble ».
« Très Saint Père, votre visite, si elle a lieu aujourd’hui, sera interprétée comme un acte de légitimation d’un pouvoir dont l’élection est massivement contestée et dont les mains sont tachées du sang des innocents », écrit le prêtre.
Il y dénonce « la répression sanglante » qui sévit depuis la proclamation des résultats de la présidentielle du 12 octobre 2025, évoquant des dizaines de morts, des arrestations arbitraires et des menaces contre les voix dissidentes.
Selon le père Lado, la mission du pape doit être celle d’un médiateur de paix, pas d’un cautionneur politique : « Le peuple camerounais a besoin d’écoute, de vérité et de justice, pas d’une photo diplomatique qui servira à maquiller la souffrance nationale. »
Cette lettre, largement relayée sur les réseaux sociaux et dans la presse indépendante, a trouvé un fort écho auprès des milieux intellectuels et ecclésiastiques critiques du régime. Plusieurs prêtres et fidèles y voient un « cri de conscience » au moment où l’Église locale, divisée, peine à adopter une position claire face à la crise politique.
De leur côté, les partisans du gouvernement affirment que la venue du pape serait « un geste de réconciliation et de stabilité », estimant qu’il ne s’agit pas d’un acte politique mais d’une visite pastorale au peuple camerounais.
La dernière visite papale au Cameroun remonte à mars 2009, lorsque Benoît XVI avait été reçu à Yaoundé par le président Paul Biya. Depuis, les relations entre le pouvoir et l’Église catholique ont alterné entre coopération et tension, notamment autour des questions de gouvernance, de corruption et de justice sociale.
Le projet de visite du pape Léon intervient dans un contexte particulièrement explosif : contestation du scrutin présidentiel, exil d’opposants, dénonciations d’exécutions sommaires et appels internationaux à la retenue.
La lettre du père Ludovic Lado ajoute une dimension morale et spirituelle à la controverse, posant la question centrale de la responsabilité de l’Église face à un pouvoir accusé d’illégitimité et de répression.
