Par Ilyass Chirac Poumie
Les projections électorales montrent un paysage profondément reconfiguré dans le Nord du Cameroun. Lors de la présidentielle de 2018, Paul Biya avait compensé sa défaite dans le Littoral par une large avance dans les trois régions septentrionales, où il avait engrangé près de la moitié de ses suffrages. Mais la donne semble différente en 2025.
L’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) d’Amadou Ali et le Front pour le salut national du Cameroun (FSNC) d’Issa Tchiroma Bakary, tous deux solidement implantés dans la région, entendent désormais transformer leur ancrage en véritable capital électoral. Les observateurs évoquent une bataille serrée dans des zones naguère acquises au RDPC, où les réseaux traditionnels ne suffisent plus à garantir la victoire.
À Garoua, Maroua ou Ngaoundéré, les campagnes se multiplient, mêlant grands meetings, opérations de proximité et stratégies de mobilisation communautaire. La compétition s’annonce d’autant plus imprévisible que les équilibres locaux — entre fidélités historiques et aspirations de changement — redessinent les rapports de force.
Lors de la présidentielle de 2018, Paul Biya avait remporté le scrutin avec 71,28 % des voix selon ELECAM, mais avait perdu dans plusieurs grandes villes dont Douala et Bafoussam. Le septentrion, considéré comme sa zone de confort, lui avait offert une avance décisive. En 2025, le contexte est radicalement différent : la montée en puissance des partis régionaux, la lassitude d’une partie de l’électorat et l’émergence de nouvelles figures locales rendent le scrutin plus incertain que jamais. Techniquement, tout est jouable. Techniquement…
