Par Eric Boniface Tchouakeu
Dans une note « initiée, complétée et parachevée à Maroua, Garoua et Ngaoundéré », publiée ce jour-là, et intitulé « appel des partisans du changement du Grand Nord à un sursaut républicain national en vue de l’élection présidentielle de 2025 au Cameroun », les signataires , seize (16) au total demandent solennellement à tous les partisans du changement à travers le territoire national ,épris de justice, de paix et de progrès, de se joindre à eux pour un sursaut républicain national, visant à fédérer toutes les énergies susceptibles de permettre au Cameroun de tourner enfin la page de 43 ans du « Renouveau » ,et de construire un autre Cameroun : prometteur, protecteur et juste pour l’ensemble de ses filles et fils. » Ils se déclarent par ailleurs partisans « inconditionnels et résolus du changement politique à la tête du Cameroun », ou encore « conscients et convaincus » que l’élection présidentielle de 2025, présentée comme « capitale », est l’ultime occasion donnée aux Camerounais pour « étancher leur soif de changement. »
Ils dénoncent au passage notamment : l’instrumentalisation de la diversité ethnique du Cameroun à des fins politiciennes avec tous les dangers que cela implique pour la paix et la stabilité du Cameroun ; la monarchisation du pouvoir de l’Etat et l’usage éhonté, généralisé et inconsidéré du tribalisme dans la gestion des affaires publiques ; la restriction drastique des libertés individuelles et collectives ;la prise en otage des institutions républicaines qui sont mises au service de quelques individus ;la corruption généralisée et le népotisme qui gangrènent les services publics et le corps social et les multiples violations de la constitution selon eux.
Spécifiquement en ce qui concerne les trois régions septentrionales et même le Cameroun, les signataires de l’appel au changement relèvent pour le déplorer que le Grand Nord n’est pas la préoccupation de la majorité présidentielle. Ils dénoncent entre autres : l’état de délabrement avancé dans lequel est plongé la quasi-totalité des dix régions du Cameroun, en particulier les régions de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua minées par la pauvreté endémique, la famine, les maladies, la sous scolarisation, la rareté de l’eau potable et de l’électricité, la dégradation presque totale des infrastructures routières, le dérèglement et le réchauffement climatiques qui menacent l’existence même des populations qui ont vu avec désarroi l’abandon du programme « Sahel vert » conçu et exécuté avec succès au début des années 80 pour lutter contre la sécheresse et la désertification.
Ils évoquent aussi : l’insécurité devenue structurelle sur l’ensemble du territoire national et plus particulièrement dans les régions du Nord-Ouest du Sud-Ouest où sévissent les groupes armés, ainsi que dans la région de l’Extrême-Nord qui connaît des incursions récurrentes de la secte d’origine nigériane Boko Haram, causant au quotidien la mort et la désolation dans les Départements du Mayo Sava et du Mayo Tsanaga., sans oublier les kidnappings récurrents dans le Nord et dans l’Adamaoua avec des demandes exorbitantes de rançons aux familles qui désertent les zones rurales pour se réfugier dans les villes, lesquelles ne sont pas préparées à l’afflux massif de ces arrivants.
Il est quasi certain que dans les prochains jours, les partisans du régime répondront de manière directe ou indirecte aux récriminations contenues dans l’appel des Partisans du Changement du Grand Nord , notamment en indiquant ce qui a été fait, ce qui est en cours de réalisation, ainsi que ce qui est prévu comme projets à réaliser à court, moyen et long terme dans les régions septentrionales.
Etant entendu que le document rendu public de ces Partisans du Changement du Grand Nord, évoque aussi les problèmes qui concernent l’ensemble de la nation, il est possible que les soutiens du pouvoir sortant s’y prononcent.
On pourrait donc ainsi, grâce l’appel des Partisans du Changement du Grand Nord, sortir des débats stériles ou de diversion portant sur les ethnies ou le tribalisme qui ont cours depuis plusieurs semaines, pour engager ceux qui vaillent normalement la peine d’être menés en période électorale à savoir : le bilan de l’équipe sortante et les programmes des différents candidats.
Au Cameroun, le septentrion concentre environ 30% de l’électorat du pays, et l’appel des Partisans du changement du Grand Nord est bien susceptible d’avoir une influence même à une petite échelle, sur la présidentielle attendue entre septembre et octobre 2025.