Par Ilyass Chirac Poumie
Branle-bas au Palais de l’Unité. Paul Biya a décidé de piloter personnellement sa campagne électorale en vue de la présidentielle du 12 octobre. Le candidat du Rdpc a pris de vitesse ses collaborateurs en annonçant qu’il se rendra lui-même dans plusieurs villes stratégiques du pays.
Le programme fixé par Paul Biya comprend Bertoua, où il présidera l’inauguration du barrage de Lom Pangar, Douala pour magnifier les avancées du Port Autonome, Maroua dans l’Extrême-Nord pour un séjour de trois jours avec Chantal Biya, Monatélé dans la Lekié et, fait inédit, Akono, où il a passé ses jeunes années de séminariste.
Le Secrétaire général de la présidence Ferdinand Ngoh Ngoh, le directeur du Cabinet civil Samuel Mvondo Ayolo ainsi que les responsables de la sécurité présidentielle et de la Garde présidentielle ont été pris de court. Ils attendaient la validation d’un tout autre calendrier quand le chef de l’État a tranché :
« J’irai moi-même partout où les Camerounais m’attendent ».
Entre faisabilité et simple Slogan
Lors des campagnes précédentes (2004, 2011, 2018), Paul Biya n’a jamais été sur le terrain au même rythme que ses adversaires. La stratégie du Rdpc a toujours reposé sur les « grands meetings » animés par ses lieutenants, avec le président intervenant en fin de parcours, généralement à Yaoundé.
Un déplacement présidentiel mobilise une logistique colossale : sécurité, transport, hébergement, encadrement politique. Dans certaines régions sensibles (Extrême-Nord, Nord-Ouest, Sud-Ouest), l’exposition du président reste un sujet de préoccupation majeure.
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L’annonce d’une campagne menée « en personne » peut aussi être lue comme une manœuvre de communication destinée à galvaniser les militants et à montrer un président encore en maîtrise, sans pour autant qu’elle soit intégralement suivie d’effet.
Il est peu probable que Paul Biya tienne intégralement cette promesse de parcourir toutes les étapes annoncées. On peut s’attendre à quelques apparitions symboliques dans des lieux stratégiques (Douala, Maroua, peut-être Bertoua) mais pas à un tour complet du pays. Le reste de la campagne sera sans doute assuré, comme toujours, par ses hommes de confiance et les équipes du Rdpc.
Toujours peu présent
À 92 ans, Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, brigue un nouveau mandat à la tête du Cameroun. Jusqu’ici, ses campagnes avaient toujours été conduites par ses lieutenants, avec une implication directe du président réduite au minimum.
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Sa décision de s’afficher sur le terrain, dans plusieurs régions symboliques, sonne comme un contre-pied et relance la dynamique de son camp. Elle intervient alors que l’opposition multiplie les appels à l’unité et que les attentes sociales restent particulièrement fortes face aux crises économiques et sécuritaires.
