Par Serge Aimé BIKOI
Au sein de l’opinion publique nationale, des voix s’élèvent et chacun y va de son interprétation relativement à la convocation de cette réunion. Pour certaines grilles de lecture, il sera question d’examiner les enjeux et de préparer la participation de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) à l’élection présidentielle d’octobre prochain. À quelques mois de cette échéance électorale cruciale, l’Undp est prête à rompre l’alliance gouvernementale avec son allié historique, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).
Cette mutation idéologique, longtemps revendiquée par la base militante, est, désormais, ouvertement soutenue par certains cadres de la technostructure du parti. Maidadi Saidou Yaya, secrétaire national à la communication de l’Undp, est convaincu que le parti aura son candidat à la présidentielle. Selon cet éminent cadre de l’Undp,
“Bello Bouba Maïgari a le meilleur profil, la plus grande maîtrise des affaires du pays et peut assurer le plus grand nombre de ralliements en dehors du parti”.
Dans la perspective de la présidentielle d’octobre prochain, l’Undp entrevoit une rupture avec le Rdpc, mais n’exclut pas une coalition, voire une mutualisation avec plusieurs autres partis politiques de l’opposition.
Il est donc aisé de comprendre pourquoi dans la note convoquant la rencontre du 28 juin, le leader national de l’Undp indique que
“compte tenu de l’importance de l’ordre du jour, le comité central ainsi convoqué est exceptionnellement élargi aux membres du conseil national et aux membres du secrétariat permanent des comités directeurs des organes annexes”.
Le membre du bureau politique de l’Undp, très dissert sur cette actualité, estime que le leader national s’en tiendra aux résolutions qui en découleront et ajoute que Bello Bouba s’est toujours soumis à ces décisions. En témoignent les soutiens du parti au candidat du Rdpc, Paul Biya, à l’élection présidentielle de 2004, 2011 et de 2018 étaient décidés par le comité central. Même le boycott de 1997.
Somme toute, les signes de la fracture entre l’Undp et le Rdpc sont observables, par exemple, à l’Adamaoua, fief du parti de Bello Bouba. Si l’Undp occupe le haut du pavé depuis plusieurs décennies dans cette région, le parti au pouvoir rêve de renverser la tendance.En rappel, quand l’Undp est passé de 68 députés à 13 en l’espace d’une seule mandature, Bello Bouba Maïgari a vu la fin de la formation politique dont il tient les rênes à cause de la confrontation directe.
L’homme politique décide alors d’intégrer la plateforme de l’alliance gouvernementale en 1996 avec le Rdpc pour préserver le parti. C’est ainsi que ce parti commence à bien fortifier sa base militante. Au bout du compte, en termes de représentativité dans l’arène politique camerounaise, l’Undp est un parti politique leader de l’opposition tant il compte sept députés, deux sénateurs, dix-sept communes, une mairie de ville, une région, en l’occurrence l’Adamaoua, et une présence dans deux autres conseils régionaux.
Ayant l’âge de la maturité, l’Undp jouera, sans conteste, son baroud d’honneur, en se présentant à la prochaine élection présidentielle. Toute chose qui occasionnera, in fine, la rupture avec le Rdpc. Question de préserver les législatives et les municipales de 2026. Sans doute après cette phase, Bello Bouba passera-t-il la main au congrès de 2027.