Par Paul Tjeg
Lundi, la route qui dessert le quartier Olembé, à la sortie nord de la ville de Yaoundé, a été bloquée par des camionneurs en colère. Selon les informations recueillies sur les lieux, ce mouvement d’humeur est l’ultime stratagème mis sur pied par des personnes qui réclament depuis 3 jours, la levée d’une mesure gouvernementale censée régulariser le secteur du transport des produits de carrière. Concrètement, dans la loi de finances 2023, le gouvernement a décidé de rendre obligatoire pour les voitures transportant des agrégats, un document de conformité baptisé ‘’lettre de voiture sécurisée’’. Ce dernier retrace toutes les quantités de sable ou autres agrégats transportés, tout en mentionnant le propriétaire et l’origine de la carrière, ainsi que la destination et le nom du transporteur et le numéro du camion. Désormais, chaque fois qu’un camionneur doit aller faire un chargement, il doit imprimer ce document qui coûte 5 000 F sur la plateforme numérique du Trésor.
Accueillie avec enthousiasme par les camionneurs qui voyaient en cette mesure la fin des taxes arbitraires dans le domaine du transport des agrégats, elle est aujourd’hui vivement contestée. «Les chauffeurs font une réclamation. Il conteste la taxe de 5 000 f représentant les frais de la lettre sécurisée. C’est-à-dire que quand tu pars faire un tour de gravier tu paies 5 000. Donc c’est 5 000 par tour. Les chauffeurs ne sont pas complètement d’accord avec cette situation», raconte un camionneur rencontré par nos confrères de la Crtv.
En dehors de cette revendication, les camionneurs pestent également contre d’autres taxes qui contribuent à rehausser les charges fiscales des transporteurs. «Ce n’est pas normal qu’un chauffeur routier parte de Nkoteng pour Yaoundé et dépense 35 000 F en route. Dossiers complets et pas», vitupère un camionneur au micro de nos confrères d’Equinoxe. «Tu charges, sur place tu paies 5000 f la lettre de voiture, 3000 taxe communale et 1000 communauté villageoise», renseigne Joseph Kamdem, président des transporteurs benne de sable. Ces complaintes sont parvenues aux oreilles du gouverneur de la région du Centre, qui a dépêché sur les lieux, le préfet du département du Mfoundi, pour s’enquérir de la situation. Quelques heures plus tard, la première autorité administrative de la région a décidé de suspendre à titre provisoire, la lettre de voiture sécurisée exigée aux voitures qui transportent les agrégats.
La durée de cette suspension n’a pas été précisée. Toutefois, en attendant sa levée, et peut-être l’élaboration d’une solution consensuelle, cette mesure est tout de même un énorme coup porté aux finances de l’Etat. L’on se rappelle qu’en mars 2023, dans une interview accordée à Cameroon Tribune, Oumar Ali, secrétaire général au ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, soulignait que «cette nouvelle réforme désormais exigible aux 35 carrières à but commercial du pays pourrait engendrer des recettes d’environ 2 milliards de Fcfa dans les caisses de l’Etat».