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Avec Parfait N. Siki
Le Cameroun s’apprête à vivre un moment décisif de son histoire. En octobre 2025, le pays sera appelé aux urnes pour une élection présidentielle dont les enjeux dépassent largement le simple cadre électoral. À 92 ans, dont 43 passés à la tête de l’État, le président sortant, Paul Biya, est une figure incontournable de la vie politique camerounaise. Pourtant, sa possible candidature à un nouveau mandat suscite des interrogations profondes sur l’avenir du pays. Dans un contexte marqué par des défis économiques, sociaux et sécuritaires, le Cameroun se trouve à un carrefour : celui de la continuité ou de la rupture.
Un pouvoir vieillissant face à une jeunesse en quête de renouveau
Le président Biya incarne, pour certains, la stabilité et l’expérience. Son long règne a été marqué par des réalisations, notamment en matière d’infrastructures et de maintien d’une certaine unité nationale. Cependant, pour une grande partie de la population, surtout les jeunes, il symbolise un immobilisme politique préjudiciable. Avec un taux de chômage élevé parmi les moins de 35 ans et une économie en berne, la jeunesse camerounaise aspire à un changement radical. Les réseaux sociaux bruissent d’appels à un renouvellement générationnel, tandis que les mouvements citoyens réclament plus de transparence et de participation.
La question de l’âge et de la santé du président sortant ajoute une dimension critique au débat. À 92 ans, Paul Biya est l’un des plus anciens chefs d’État en exercice dans le monde. Ses apparitions publiques, de plus en plus rares, alimentent les spéculations sur sa capacité à gouverner un pays confronté à des défis multiples. Dans un contexte où la stabilité politique est cruciale, cette incertitude pèse lourdement sur l’avenir du Cameroun.
Des défis nationaux qui appellent des réponses urgentes
Le Cameroun fait face à des défis majeurs qui exigent des réponses claires et audacieuses. La crise anglophone, qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 2016, reste une plaie ouverte. Malgré des efforts de dialogue, les violences persistent, faisant des milliers de morts et de déplacés. La question de la réconciliation nationale et de la justice transitionnelle demeure entière, et tout futur gouvernement devra en faire une priorité.
Sur le plan économique, le pays est confronté à une dette publique croissante, à une corruption endémique et à un chômage massif. Les inégalités sociales se creusent, tandis que les infrastructures publiques peinent à répondre aux besoins d’une population en expansion. La relance économique nécessitera des réformes structurelles audacieuses, mais aussi une gouvernance transparente et inclusive.
Enfin, la question démocratique est au cœur des préoccupations. Les élections précédentes ont été marquées par des accusations de fraude et un faible taux de participation. Pour restaurer la confiance des citoyens, le processus électoral de 2025 devra être irréprochable, sous le regard vigilant de la communauté internationale.
Une opposition divisée face à un pouvoir bien établi
Face à un pouvoir solidement ancré, l’opposition camerounaise peine à présenter un front uni. Les divisions internes et les luttes d’ego affaiblissent sa capacité à incarner une alternative crédible. Pourtant, des figures émergent, portées par une jeunesse avide de changement. Leur succès dépendra de leur capacité à fédérer les mécontentements et à proposer un projet politique cohérent et mobilisateur.
La société civile, quant à elle, joue un rôle croissant dans le débat public. Les organisations de défense des droits de l’homme, les mouvements citoyens et les médias indépendants sont devenus des acteurs incontournables. Leur voix, souvent critique, est essentielle pour garantir une transition démocratique pacifique.
Un avenir à écrire
Le Cameroun de 2025 se trouve à un tournant. La candidature du président sortant, si elle se confirme, pourrait soit rassurer par la continuité, soit exacerber les tensions dans un pays en quête de renouveau. Quoi qu’il advienne, l’enjeu majeur reste la capacité des Camerounais à se projeter dans un avenir commun, où démocratie, justice et développement seraient au cœur des priorités.
Dans un monde en pleine mutation, le Cameroun a les ressources humaines et naturelles pour réussir. Mais cette réussite passera nécessairement par une refondation politique et sociale. Le choix des urnes en 2025 sera donc bien plus qu’un simple scrutin : il sera un acte fondateur pour l’avenir du pays. »
