Par Armand Soussia
Le mot d’ordre de ville morte lancé par Issa Tchiroma Bakary pour la période du 3 au 5 novembre 2025 connaît un suivi remarquable à travers le pays. Dès les premières heures de la matinée, plusieurs grandes agglomérations camerounaises affichaient un visage inhabituellement calme, marqué par la fermeture des commerces, l’absence d’élèves dans les établissements scolaires et une circulation fortement réduite.
À Douala, les images en provenance du lycée de New Bell montrent des salles de classe vides et des portails fermés. Le marché Mokolo, habituellement bondé à Yaoundé, est resté silencieux, les étals clos et les commerçants absents. À Tibati, les allées du marché central sont désertes, confirmant que l’appel du président élu a trouvé un écho jusque dans les zones rurales.

Même constat à Maroua et Garoua, où plusieurs quartiers populaires sont restés figés, les populations ayant préféré rester à la maison par solidarité ou par crainte des affrontements entre manifestants et forces de sécurité. Des témoins locaux rapportent la présence discrète de patrouilles militaires dans certains secteurs sensibles, mais aucun incident majeur n’a été signalé dans la matinée.
Le mot d’ordre lancé par Issa Tchiroma Bakary vise à protester contre la gestion jugée autoritaire du pouvoir et les violences qui ont émaillé la période postélectorale. Le président élu a affirmé que cette initiative est « un acte de résistance pacifique contre la confiscation du pouvoir et les violations des droits du peuple camerounais ».
Depuis la proclamation contestée de la victoire de Paul Biya à la présidentielle du 12 octobre 2025, le Cameroun traverse une crise politique majeure. L’opposition, conduite notamment par Issa Tchiroma Bakary, dénonce une fraude massive et réclame une transition pacifique. Les trois jours de ville morte constituent la première grande mobilisation nationale depuis le scrutin. Ils interviennent dans un climat de tension marqué par des arrestations arbitraires, des coupures de communication et un déploiement sécuritaire renforcé dans les principales villes du pays.
