Par Ilyass Chirac Poumie
La romancière camerounaise Calixthe Beyala, figure connue pour ses prises de position publiques, a publié une déclaration virulente à propos des résultats de la présidentielle du 12 octobre. Dans ce texte, largement relayé sur les réseaux sociaux, elle accuse le pouvoir en place d’avoir manipulé les procès-verbaux pour maintenir Paul Biya au pouvoir, malgré ce qu’elle présente comme une victoire nette d’Issa Tchiroma Bakary.
« Les 930 000 voix supplémentaires qu’ils attribuent à Biya sont celles de Tchiroma tout simplement », écrit-elle, ajoutant que « Tchiroma a battu Barthélemy Biya Bi Nvondo à plate couture ». Pour l’écrivaine, les falsifications observées, notamment dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest où le président sortant aurait obtenu jusqu’à 99 % des suffrages, illustrent une « imposture de trop ».
Beyala accuse également certains cercles du pouvoir d’entretenir une conception hégémonique du leadership national, estimant que d’autres peuples du Cameroun sont exclus ou méprisés.
« Ils pensent que le peuple camerounais acceptera ces résultats falsifiés par peur des représailles », dénonce-t-elle, avant de conclure par un appel à la résistance : « Ou on subit ces gens pour les 50 prochaines années, ou on dit Non. »
Native de Douala et lauréate du Grand Prix du roman de l’Académie française, Calixthe Beyala est une intellectuelle influente du paysage culturel camerounais. Son engagement politique n’est pas nouveau : elle avait déjà critiqué la longévité du régime Biya et plaidé pour une alternance démocratique. Cette nouvelle sortie intervient alors que plusieurs formations politiques, dont le Pcrn et le Sdf, ont retiré leurs recours devant le Conseil constitutionnel, dénonçant un processus électoral biaisé. Les propos de Beyala ajoutent ainsi une dimension symbolique forte à la contestation du scrutin.
