Par Hajer Elina
La Briqueterie s’est réveillée sous tension. Des camions de gendarmes ont investi le quartier dès l’aube, ciblant les familles originaires du Nord. Officiellement, il s’agit d’une « opération de recherche d’armes ». En vérité, tout indique une opération d’intimidation ethnique.
Le prétexte ? Une vidéo montée de toutes pièces, diffusée hier soir par les soutiens d’une certaine Marthe Cécile Micca, militante zélée du parti au pouvoir, affirmant que des armes venues du Nigeria auraient été interceptées à Obala. Un mensonge grossier, aussitôt transformé en justification d’une descente contre les supposés
« ennemis de la République ».
Un policier en service au commissariat central numéro 1 de Yaoundé a confirmé les interpellations massives :
« ils ont raflé beaucoup de Nordistes de la Brique pour les amener ici au Central numéro 1. Je travaille sur les réalités du terrain. Mais nous, policiers, en avons aussi marre de ces jouisseurs. »
Ce témoignage interne vient confirmer ce que tout le monde soupçonnait déjà : la manipulation au sommet, les mensonges instrumentalisés pour justifier la répression. Pendant que les dignitaires s’enivrent de privilèges, ce sont les quartiers populaires qui paient le prix.
Sur le terrain, les habitants parlent de portes défoncées, d’arrestations arbitraires, de coups. Des hommes, des femmes, des jeunes, embarqués sans motif. À la Briqueterie, la peur a changé de visage : elle a pris l’uniforme.
Comme en 2018, lorsque le régime avait orchestré une campagne de stigmatisation contre les Bamilékés, le pouvoir tribal du président sortant Paul Biya relance ses vieilles recettes de division. Cette fois, les Nordistes deviennent la cible. Dans un contexte post-électoral explosif, où la victoire contestée du régime vacille, Yaoundé choisit la répression ethnique comme stratégie de survie politique.
