Accueil PolitiqueAfrique Chefs d’Etat en Afrique noire francophone | Entre le marteau populaire et l’enclume de la grande muette

Chefs d’Etat en Afrique noire francophone | Entre le marteau populaire et l’enclume de la grande muette

L’épidémie des coups d’Etat dans le Sahel qui se répand comme une traînée de poudre a fait une embardée vers le sud en frappant de plein fouet Libreville.

Par panorama papers
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Par Léopold DASSI NDJIDJOU

Si dans le Sahel la cause directe et déclarée des coups d’Etat est d’origine sécuritaire, il en va autrement plus au sud par exemple au Gabon, où l’Armée a pris ses responsabilités selon le nouvel homme fort, pour éviter un bain de sang inévitable dans les rues gabonaises. Et pour cause ? Ali Bongo Ondimba, pour maintenir son pouvoir, devait comme il en va dans cette partie du continent, envoyer les hommes en armes dans la rue pour mater toute forme de contestation. Pour éviter donc de se salir inutilement les mains alors qu’elle sait que le pouvoir a truqué les élections, l’Armée a mis fin à la situation conflictuelle en déposant le pouvoir tout simplement. Ainsi Ali bongo qui était déclaré réélu aux premières heures du matin, a été proprement déchu avec son régime et les élections annulées. Alors qu’on était habitué à voir les hommes en tenue défendre mordicus les pouvoirs africains contre vents et marrées, voici le Gabon qui ouvre une autre voieavec son armée qui se range du côté de la Patrie, du côté où il aurait moins de casses.

La Grande muette a pris le pouvoir parce qu’effectivement au sortir des urnes, Ali Bongo Ondimba a perdu la partie. Elle ne l’aurait pas fait de toute évidence si l’opposant Ondo Assa, le challenger du président déchu avait perdu la mise. Comme on le voit donc, il s’agit d’une Armée sous le drapeau, déterminée à défendre les intérêts du pays plus que celui de l’homme qui incarne toutes les institutions du pays. Ce bouleversement qui entérine une sorte de glissement de la sémantique de l’attachement indéfectible de la Grande muette à son chef, consacre une ère nouvelle dans la vie politique des régimes latins dans la zone Equateur. Ce qui peut tourmenter les Palais dans cette nouvelle donne, est précisément cette posture d’arbitre électoral en cas de contentieux aigue ou pendant des crises sociaux prolongés où le gouvernement n’en fait qu’à sa tête et refuse de lâcher du lest. C’est une Armée gabonaise qui protège bien sûr les institutions et ceux qui les incarnent, mais fait très bien le distinguo lorsqu’une forfaiture de quelque ordre interviendrait pour affaiblir ces institutions ou pour attenter à la vie de ceux qui les animent. Ces soldats ont opté pour l’édification des institutions fortes en lieu et place des hommes forts comme il en a toujours été.

 « Le Comité pour la transition et la restauration des institutions », est de ce fait assez évocateur. L’Armée gabonaise va donner plus de force aux institutions du pays car elles ont plus pris une coloration personnelle ou familiale depuis des décades. C’est une déconstruction qui ramène le respect de la loi au centre de tout, le respect des décisions de justice, la justice sociale, la lutte contre les inégalités, bref redonne un contenu au concept de citoyen gabonais, vidé de toute substance par les errements managériales de ses élus. C’est un sacré coup de pied dans la fourmilière au Gabon, où désormais les dirigeants seront comptables devant le peuple. Or précisément, c’est par le bras séculier de cette Armée que le souverain a été longtemps tenu à l’écart de la gestion des affaires de la cité. Une fois le vote passé, le peuple n’a plus de voix au chapitre, maintenu à bonne distance par la baïonnette.       

Le peuple revient

Elle était nombreuse, joyeuse et euphorique dans les rues gabonaises. Tout le peuple, y compris une majorité des électeurs d’Ondo Ossa qui visiblement était le grand vainqueur de ces élections. Une chose est certaine, même s’il avait été déclaré vainqueur à la sortie des urnes, rien n’indique comment il aurait pu entrer au Palais de la Rénovation si Ali avait décidé en soutient avec l’Armée d’y rester. C’est là le sens de toute l’effervescence observée autour de ce zigzag démocratique par le peuple souverain du Gabon. Le peuple revient sur la scène dans la périphérie de l’Equateur en Afrique parce que l’Armée au lieu de l’écraser sur son enclume sous les boutoirs du pouvoir, y écrase les régimes qui foulent aux pieds les préceptes de la démocratie. C’est une révolution dans le sens où l’Armée défend le peuple gabonais non seulement contre les menaces extérieures et internes, mais aussi contre les pouvoirs ou les régimes qui se construisent autour des personnes, autour des personnalités très fortes qui se confondent au pouvoir. Le coup d’Etat au Gabon est de ce fait un coup contre la forte présence de la famille Bongo au sein des institutions de la République, elle y a fait mains basses, dirait-on.

Si donc la famille Bongo est tombée, il y a force à parier que ce vent qui s’est embardé du Sahel vers le sud du continent, ne fasse des ravages dans cette partie du monde marquée par les intérêts géopolitiques dans la reconstruction du monde. Avec la Russie et surtout la milice Wagner en République centrafricaine, Paris peut à tout moment perdre les nerfs et frapper même ses alliés les plus irréductibles pour parer à toute éventualité. Comme on le voit, il est désormais malvenue pour les gouvernants de cette partie du monde de créer des situations d’incertitude avec le peuple, car une main pourrait brandir le drapeau russe comme au Sahel. Cela n’est pas arrivé au Gabon parce que l’Armée a pris ses responsabilités à temps. Si le peuple prenait les siennes face à l’Armée on aurait frôlé le pire. Dieu merci, ce n’est pas le cas.

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