Par Sandra Embollo
Bien sûr, les étudiants chinois forment le plus grand contingent d’étudiants étrangers à Harvard. Étant donné la rage destructrice du gouvernement Trump contre Harvard, cette mesure peut sembler viser en particulier cette université. Cependant, les causes de cette révocation agressive sont ailleurs, puisque toutes les universités américaines seront touchées.
Espionnage
Certains étudiants chinois, probablement assez peu, sont aux États-Unis pour faire de l’espionnage, surtout dans les domaines de pointe.
Or, puisque Elon Musk et son équipe ont sabré une partie importante des services de renseignement, il est devenu beaucoup plus difficile de surveiller ces étudiants-espions. Mais renvoyer ceux qui peuvent être en contact avec de la recherche avancée est facile.
Il faut dire que le gouvernement chinois ne peut pas se plaindre. Il restreint lui-même l’accès des étudiants étrangers à de nombreux secteurs de recherche cruciaux. De plus, il muselle ses chercheurs dans tous les domaines dits de sécurité nationale en les empêchant d’échanger avec leurs collègues étrangers. Le gouvernement Trump applique donc en quelque sorte des mesures de réciprocité.
11 septembre 2001
Dans les circonstances, le Canada devra probablement appliquer des mesures similaires. À la suite du 11 septembre 2001, les entreprises canadiennes avaient été obligées d’appliquer des réglementations et des normes semblables à celles des entreprises étasuniennes pour conserver leurs contrats avec elles.
Gageons que l’administration Trump fera pression sur le Canada et sur ses autres alliés pour qu’ils adoptent des mesures contre les étudiants et les chercheurs chinois. Faute de quoi l’accès à la recherche aux États-Unis pourrait être coupé.
Échanges inégaux
Du reste, c’est surtout la Chine qui bénéficie des échanges en éducation avec le Canada. En 2022-2023, près de 28 000 citoyens canadiens étudiaient en Chine, tandis que plus de 100 000 Chinois étudiaient au Canada. Une mine d’or en revenus pour les universités canadiennes, mais un trésor en transferts de connaissances pour la Chine.
Les politiques du gouvernement de Trump visent à isoler la Chine des États-Unis et de leurs alliés. Cependant, on aurait tort de croire que cette volonté d’isolement provient uniquement des États-Unis. La Chine communiste a cherché à plusieurs reprises à s’isoler du reste du monde. La dernière rage d’autonomie chinoise date de la prise du pouvoir par Xi Jinping en 2013. Elle vient d’être renouvelée dans un nouveau projet appelé «Chine 2035».
Ce projet vise non seulement à asseoir la domination mondiale de la Chine, mais aussi à atteindre l’autosuffisance dans tous les domaines de pointe.