Par Arlette Akoumou Nga
Pas le moindre mètre parcouru, et déjà les premières difficultés. Arrivées en Egypte pour participer à “la marche mondiale vers Gaza”, plus de 200 personnes de différentes nationalités ont été interpellées à leur hôtel ou retenues à l’aéroport du Caire, a déclaré à l’Afp, jeudi 12 juin, Seif Abu Kishk, un porte-parole du collectif à l’origine de cette initiative.
Des Français figurent parmi les personnes arrêtées. “Au moins une vingtaine de nos ressortissants ont été bloqués dans des centres de rétention à l’aéroport international du Caire”, confie à franceinfo un responsable de la délégation française, déjà sur place. “Ils ont subi des interrogatoires musclés.” Sous couvert d’anonymat, il affirme avoir été témoin de “descentes de policiers égyptiens dans au moins deux hôtels de la capitale où logent les marcheurs français, une mardi et une mercredi”.
Les organisateurs se disent “profondément préoccupés”, dans un communiqué que franceinfo a consulté. Selon eux, ces arrestations concernent aussi des ressortissants d’Algérie, de Tunisie, d’Allemagne, du Maroc, d’Australie ou de Turquie. “Nous appelons respectueusement les autorités égyptiennes à libérer toutes les personnes détenues et à autoriser l’entrée de l’ensemble des participants à la marche”, écrivent-ils aussi.
On n’a jamais eu l’intention d’entrer dans Gaza
Quelques jours après l’arraisonnement du Madleen par les autorités israéliennes au large des côtes de Gaza, des citoyens du monde entier projettent à leur tour d’atteindre l’enclave palestinienne, non pas par la mer, mais par la terre, via la frontière égyptienne.
D’après le dernier décompte des organisateurs, plusieurs centaines de personnes d’une soixantaine de nationalités sont attendues pour le départ prévu vendredi matin. Des Canadiens, des Portugais, des Italiens, des Turcs, des Suisses, des Chiliens, des Espagnols, des Sud-Africains, et au moins 600 Français. “L’objectif de cette grande marche est de mettre la pression pour exiger la fin du blocus humanitaire. On n’a jamais eu l’intention d’entrer dans Gaza. Notre but est d’atteindre le poste-frontière de Rafah, mais pas d’aller plus loin”, assure la porte-parole de la délégation française, Catherine Le Scolan-Quéré, médecin généraliste à Rennes.
La France appelle ses ressortissants à se signaler aux autorités égyptiennes
Selon le programme établi par les organisateurs, que franceinfo a consulté, les participants vont quitter le Caire vendredi matin, monter dans des bus, direction la ville d’El-Arich. Située à 345 kilomètres du Caire, la station balnéaire est le point de départ de cette marche de 48 km qui doit traverser le nord du désert du Sinaï en longeant la Méditerranée. Arrivée prévue dans la journée de dimanche au poste-frontière de Rafah, situé à l’extrême sud de l’enclave. “Vu la situation que nous connaissons, la marche est en suspens pour le moment”, déplore Catherine Le Scolan-Quéré.
“Face au refoulement et à la rétention de certains ressortissants, la France est en contact étroit avec les autorités égyptiennes pour exercer la protection consulaire”.
affirment des sources diplomatiques à franceinfo.
Aussi, “comme l’ont rappelé publiquement les autorités égyptiennes, le Nord-Sinaï fait l’objet de restrictions d’accès particulières du fait de la situation sécuritaire. Son accès est interdit par les autorités égyptiennes à toute personne n’ayant pas obtenu d’autorisation spécifique. (…) Dans ce contexte, la France appelle ses ressortissants qui souhaiteraient participer à ce rassemblement à se signaler aux autorités égyptiennes préalablement à leur arrivée en Egypte.”