Par Sandra Embollo
Il s’était muré dans le silence. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier – qui s’est soldé entre autres par une guerre commerciale internationale, le licenciement de milliers de fonctionnaires ou encore par la fin des politiques de discrimination positive et l’expulsion de milliers de migrants –, Barack Obama n’avait pas réagi publiquement, jusqu’à ce jeudi 3 avril. L’ex-président démocrate a finalement pris la parole, fustigeant les mesures de Donald Trump. « C’est la première fois depuis longtemps que je m’exprime en public », a reconnu Barack Obama, sur une scène du Hamilton College, dans l’État de New York, selon des propos rapportés par Cnn. Et d’assurer : « J’ai observé ce qui se passe depuis un moment. »
« Imaginez, un seul instant, si j’avais fait tout cela » parmi la pluie de décrets signés par Donald Trump, a-t-il interrogé. « Il est inimaginable que les mêmes partis qui se taisent aujourd’hui auraient toléré un tel comportement de ma part, ou de la part d’un grand nombre de mes prédécesseurs », a-t-il poursuivi, regrettant le manque d’actions de la part de responsables démocrates et républicains. « Profondément préoccupé »
Face aux étudiants, Barack Obama a indiqué qu’il ne pensait pas que les nouveaux tarifs douaniers de Donald Trump « allaient être bons pour l’Amérique ». Cependant, il s’est dit « plus profondément préoccupé par le gouvernement fédéral qui menace les universités si elles n’abandonnent pas les étudiants qui exercent leur droit à la liberté d’expression ». L’université de Columbia a récemment subi des coupes budgétaires par l’administration Trump, cette dernière ayant accusé l’établissement de ne pas avoir suffisamment maîtrisé les débordements liés aux manifestations propalestiniennes organisées sur le campus. Et l’ancien président de déplorer : « L’idée que la Maison-Blanche puisse dire à des cabinets d’avocats : si vous représentez des partis que nous n’aimons pas, nous allons vous retirer toutes nos affaires ou vous interdire de représenter les gens de manière efficace. Ce genre de comportements est contraire au pacte fondamental que nous avons en tant qu’Américains. »
« La peur est contagieuse » face à Trump
Très discrète depuis sa défaite à la présidentielle, Kamala Harris s’est aussi exprimée ce jeudi sur le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. « Nous savions que beaucoup de choses se produiraient », a-t-elle déclaré lors d’une réunion Leading Women Defined, en Californie. « Je ne suis pas là pour dire “je vous l’avais dit” », a-t-elle ensuite plaisanté. « Nous voyons des organisations rester silencieuses. Nous voyons ceux qui capitulent devant des menaces clairement inconstitutionnelles. Et ce sont les choses dont nous sommes témoins, chaque jour, au cours des derniers mois dans notre pays et cela crée, à juste titre, un grand sentiment de peur », a-t-elle regretté, estimant que la peur est « contagieuse ». Et de conclure : « Lorsqu’une personne a peur, elle se propage à son entourage. Et nous en sommes sans aucun doute témoins […] Mais je dis aussi ceci, mes chères amies, le courage est aussi contagieux. »