Par Sandra Embollo
Leur conférence de presse commune dans le Bureau ovale, marquant la fin de l’inédite aventure gouvernementale du multimilliardaire, a pris d’emblée une tournure curieuse, puisque le patron de SpaceX, Tesla et du réseau X est apparu avec un œil au beurre noir, selon lui causé en jouant avec son petit garçon. Donald Trump a salué la mission de réduction de la dépense publique menée par l’homme le plus riche du monde, estimant que « les Américains avaient une dette » envers lui. Le président américain a aussi condamné « les scandaleuses attaques, les calomnies et les mensonges » ayant, selon lui, visé Elon Musk.
Elon Musk s’est bien gardé de critiquer à nouveau les orientations budgétaires selon lui trop dispendieuses de Donald Trump, après avoir confié dans une interview à CBS News être « déçu » par une grande loi économique actuellement examinée au Congrès. Elon Musk a seulement déploré devant les journalistes que Doge (Département à l’efficacité gouvernementale) qu’il a piloté, soit devenu un « croque-mitaine » accusé à tort de vouloir sabrer certaines dépenses.
Donald Trump a offert à son allié, premier contributeur de sa campagne électorale, une clé en or et assuré que Elon Musk ferait à l’avenir des « allées et venues » à la Maison Blanche, comme pour couper court aux rumeurs sur un froid entre les deux hommes.
Coupes massives et fermetures d’agences
Elon Musk a par ailleurs balayé les révélations du New York Times sur sa consommation importante de drogues, mais sans y répondre sur le fond. Il a plutôt accusé le grand quotidien d’avoir propagé des « mensonges » sur les relations entre Donald Trump et la Russie : « C’est de ce New York Times dont on parle ? Passons à autre chose. » Le journal a affirmé que pendant la campagne électorale, l’entrepreneur consommait d’importantes quantités de kétamine, un anesthésiant aux effets stimulants, mais aussi de l’ecstasy, des champignons hallucinogènes et des médicaments. Sous la houlette d’Elon Musk, le Doge a initié des coupes massives dans les dépenses publiques, notamment dans l’aide internationale, des fermetures d’agences fédérales entières et des milliers de licenciements de fonctionnaires. Mais il n’a pas, loin de là, atteint les objectifs extrêmement drastiques qu’il s’était fixés. Son action a aussi été marquée par des accrochages parfois publics avec des ministres et conseillers de Donald Trump.
Le multimilliardaire a répété vendredi qu’à terme Doge, critiqué pour ses méthodes brutales et opaques, arriverait à réduire de « 1 000 milliards de dollars » le « gaspillage » dans la dépense publique, un chiffre jugé irréaliste par les experts. Sur le site Doge, les économies estimées sont à hauteur de 175 milliards de dollars. Un site indépendant, le « Doge Tracker », arrive à un total de seulement 12 milliards de dollars économisés jusqu’ici.
L’action d’Elon Musk au gouvernement l’a rendu très impopulaire aux États-Unis, tandis qu’en Europe, sa défense des idées et partis de l’extrême-droite a suscité l’indignation dans plusieurs pays.