Par Joël Onana
Washington a renforcé ces dernières années ses efforts pour limiter les exportations de puces dernier cri vers la Chine, craignant qu’elles ne servent à l’armée chinoise et soucieux de conserver la domination américaine dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA).
L’administration du président américain Donald Trump a certes annulé la semaine dernière certaines restrictions sur l’exportation de ces semi-conducteurs avancés, répondant aux appels de plusieurs pays qui s’inquiétaient d’être écartés de technologies essentielles au développement de l’IA. Ces nouvelles règles, qui devaient s’ajouter, à partir du 15 mai, à des contrôles déjà mis en place en 2022 et 2023, avaient été annoncées par le gouvernement de Joe Biden mi-janvier, quelques jours seulement avant la fin de son mandat. Mais parallèlement à leur annulation, le ministère américain du Commerce a dévoilé de nouvelles directives qui avertissent
, entre autres, le public des conséquences potentielles qu’induiraient le fait de laisser des puces américaines être utilisées
pour développer des modèles chinois d’IA
.
Pékin a vivement régi mercredi.
Les mesures américaines relèvent d’un unilatéralisme typique, mêlant intimidation et protectionnisme, et portent gravement atteinte à la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales dans le secteur des semi-conducteurs
, a déclaré mercredi un porte-parole du ministère chinois du Commerce dans un communiqué, promettant des mesures fermes
en réponse.
Le département du Commerce a expliqué que sa politique visait à partager la technologie américaine en matière d’IAavec des pays étrangers de confiance à travers le monde, tout en empêchant qu’elle ne tombe entre les mains de nos adversaires
.Ces consignes n’ajoutent pas de caractère contraignant, à la différence des nouvelles restrictions qu’avait prévues le gouvernement Biden. Les contrôles à l’exportation existants restent toutefois en vigueur.
De l’« abus », selon pékin
Pékin a accusé Washington d’abuser des contrôles à l’exportation pour contenir et réprimer la Chine
.
Toute organisation ou individu qui mettrait en œuvre ou aiderait à mettre en œuvre ces mesures américaines pourrait être en infraction
avec les règlementations chinoises, a averti le ministère chinois du Commerce.
Les règles prévues par l’administration Biden et qui devaient s’appliquer au 15 mai divisaient les pays en trois catégories, chacune soumise à un niveau de restriction différent.
Les pays considérés comme de premiers rangs
, comme le Japon et la Corée du Sud, n’étaient pas concernés par les restrictions, tandis que ceux de la deuxième catégorie – comme le Mexique ou le Portugal – étaient soumis à un plafonnement du volume de puces qu’ils pouvaient recevoir.
Des fabricants américains de puces comme Nvidia et AMD ont fait pression contre ces restrictions différenciées. Leur action en Bourse avait grimpé après que l’administration Trump a laissé entendre qu’elle reconsidérerait la mesure.